Chroniques

par bertrand bolognesi

carte blanche à Anne Queffélec
œuvres de Beethoven, Mozart et Schubert

Festival International de Piano de La Roque d'Anthéron / Parc du Château de Florans
- 7 août 2008
Anne Queffélec au Festival de La Roque d'Anthéron 2008
© dr

Honorant sa tradition des nuits pianistiques, le vingt-huitième Festival International de Piano de La Roque d’Anthéron offre une carte blanche à Anne Queffélec, comme il en offrit une à Nikolaï Lugansky vendredi dernier et en vivra une nouvelle avec Brigitte Engerer dans quelques jours.

C’est dans l’esthétique classique que la pianiste française a choisi d’investir les trois parties de cette soirée. Après un premier épisode où le Quintette (pour piano, hautbois, cor, clarinette et basson) en mi bémol majeur K452 de Mozart était introduit par sa Sonate en la majeur K331, nous entendons la Sonate en la bémol majeur Op.110 de Beethoven, s’ouvrant par un Moderato cantabile molto espressivo exagérément sec, d’une articulation serrée à la fluidité plutôt flatteuse. La régularité du tactus est impressionnante, tout comme l’élégance indéniable des trilles. Quoique gentiment ornementale, pour ne pas dire décorative, l’exécution de ce mouvement semble peu inspirée. D’une sobriété presque austère arborant une frappe toujours gracieusement dosée s’impose bientôt un grand style, minutieusement équilibré, tel qu’en témoignent les contrastes sagement circonscrits de l’Allegro molto, un rien nerveux. Après une amorce largement schubertienne de l’Adagio ma non troppo, la fugue bénéficie d’une énonciation résolument précise et prend peu à peu une ampleur inattendue.

Du même Beethoven, Anne Queffélec donne ensuite le Quintette (pour piano, hautbois, clarinette, cor et basson) en mi bémol majeur Op.16 avec ses amis de l’Ensemble Paris-Bastille. Après la brève cérémonie d’ouverture (Grave), l’Allegro ma non troppo rencontre de beaux échanges, principalement entre la clarinette de Romain Guyot et le basson de Laurent Lefèvre. Le mouvement reste toutefois fort lisse (trop, peut-être…), sans atteindre des sommets d’onctuosité, mais bien plutôt des joliesses froides, malgré les nuances d’Olivier Doise (hautbois) et d’Hervé Joulain (cor). Une tendre suavité travaille les alliages timbriques de l’Andante cantabile central, fermement soutenu par le cor, où se détache un gracieux trait de basson. Une subtile conduite de la dynamique confère une grande tenue interprétative à ce mouvement. Enfin, le Rondo s’affirme enlevé, frais et plein d’esprit.

Le dernier round associe les musiciens du Sinfonia Varsovia dirigés par Jacek Kaspszyk dans l’ouverture de Don Giovanni, le Concerto en si bémol majeur K595 (Mozart, toujours) et la Sixième de Schubert.

BB