Chroniques

par jérémie szpirglas

Charles Dutoit dirige le Royal Philharmonic Orchestra
œuvres de Mendelssohn, Moussorgski, Ravel et Sibelius

Septembre musical de Montreux / Auditorium Stravinsky
- 6 septembre 2009
Charles Dutoit dirige le RPO au Septembre musical de Montreux
© pierre mac cann

Cette édition 2009 marque la seconde collaboration du Septembre musical de Montreux et du Royal Philharmonic Orchestra de Londres, collaboration qui devrait normalement se développer dans l'avenir en une véritable résidence. Moins connu que d'autres formations britanniques (comme le London Symphony Orchestra ou le BBC Symphony Orchestra), le RPO n'a pourtant pas grand chose à leur envier. C'est une mécanique bien huilée, étincelante et cliquetante. Puissant, rutilant et équilibré, il rappelle ces belles voitures des années cinquante et soixante : couleurs vives, jantes chromées, force tranquille d'un moteur surpuissant qui ronfle sous le capot, prêt à vous emporter au moindre coup d'accélérateur, sans jamais s'emballer. Et Charles Dutoit, son directeur artistique depuis la saison dernière, en est un conducteur habile et charismatique.

Nous les laissions hier [lire notre chronique de la veille] sur les accents majestueusement romantiques (et britanniques) des Enigma Variations d'Elgar, et c'est dans une veine d'un égal romantisme national qu'on les retrouve aujourd’hui, avec la Suite Karelia Op.11 de Sibelius. Comme chez Elgar qu'ils connaissent si bien, les musiciens se sentent à l'aise dans les beaux paysages finlandais suggérés par Sibelius, prennent plaisir à ces galops légers, à sa verve lyrique et juvénile.

Cette fraicheur et cette verdeur ne leur va toutefois pas aussi bien lorsqu'ils accompagnent le violoniste Leonidas Kavakos dans le Concerto en mi mineur Op.64 de Mendelssohn auquel le soliste donne d'ailleurs un visage bien trop précieux, voire maniéré.

Ils se reprennent dans la seconde partie avec une Pavane pour une infante défunte (Ravel) particulièrement soignée, en forme de prélude poétique aux masses orchestrales extrêmement distinctes et caractéristiques qui nous attendent dans les Tableaux d'une exposition de Moussorgski, orchestrés par le même Ravel. Si la lecture qu'en offre Charles Dutoit est plus qu'honnête, et même sassez souvent exaltante, on y perçoit une nouvelle fois un manque récurrent d'attention au détail, de soin apporté à certaines nuances et dynamiques qui, traitées de manière monolithique, semblent comme oubliées au bord de la route.

JS