Chroniques

par pierre-jean tribot

Colin Davis à la tête du London Symphony Orchestra
Elgar, Schumann et Walton

Klara Festival van Vlaanderen / Palais des Beaux-arts, Bruxelles
- 22 septembre 2005
le chef britannique Colin Davis dirige le LSO à Bruxelles
© stephanie berger

Chaque année, le Klara Festival invite les meilleurs orchestres du monde à jouer dans la grande salle Henry Le Bœuf. Le London Symphony Orchestra est assurément la plus fidèle de ces phalanges. Conduite par des chefs prestigieux, elle s’y produit presque tous les ans. Placé sous la direction de Colin Davis, ce concert rend hommage à la musique anglaise, thème principal du jeune festival bruxellois.

L’Introduction et Allegro pour cordes d’Edward Elgar, créé en 1905 par ce même orchestre, est une partition raffinée et puissante. Inspiré d’une mélodie galloise, le thème circule entre les pupitres du quatuor soliste et le reste des cordes. Cette œuvre romantique à la solide structure est magnifiquement servie par la précision et le galbe des archers londoniens.

Le Concerto en la mineur Op.54 de Robert Schumann est l’une de ces pages que l’on rechigne à écouter, devenues étalons des programmations en mal d’originalité comme des pianistes routiniers. Séduire l’auditeur blasé tout en évitant mièvrerie et fatuité n’est pas une mince affaire. C’est pourtant ce que réussit une Mistuko Uchida des très grands jours. Précision du jeu, sensibilité à fleur de peau et profondeur du dialogue, la lauréate du concours Reine Elisabeth 1968 parvient à enchanter les oreilles comme les esprits.

La musique symphonique de William Walton reste méconnue en dehors du monde anglo-saxon : c’est donc avec intérêt que l’on attendait l’exécution de sa Symphonie en si bémol n°1 composée en 1934, dans un style mariant la violence des contrastes d’un Sibelius à la pugnacité d’un Albert Roussel, dont la réalisation séduit immédiatement. Auteur d’un enregistrement décisif de l’œuvre sous la baguette d’André Prévin (RCA), le London Symphony Orchestra se pare de ses plus beaux atours : une virtuosité et une précision remarquables, mais surtout une dynamique exponentielle à faire trembler les murs. Il fait un malheur sous la direction à la fois cursive et chantante de Colin Davis. Ce grand concert est malheureusement gâché par la sidérante goujaterie du public qui, entre applaudissements déplacés, tousseries, sonneries de téléphones et sorties intempestives, ne facilite guère la tâche aux musiciens et aux mélomanes attentifs.

PJT