Chroniques

par gérard corneloup

Il trovatore | Le trouvère
opéra de Giuseppe Verdi

Gran Teatre del Liceu, Barcelone
- 13 décembre 2009
Il Trovatore (Verdi) à Barcelone, photographié par Antoni Bofill
© antoni bofill

Le sombre, mélodramatique, sanglant mais superbe opéra du maestro en a-t-il subi des scénographies s'accommodant au mieux ou au pire de son histoire de bébé jeté dans les flammes et de sa soprano qui s'empoisonne plutôt que de livrer son corps à un baryton concupiscent !

Pour le travail qu'il vient de présenter au fameux Gran Teatre del Liceu, le metteur en scène belge Gilbert Deflo a, au contraire, choisi l'ascèse absolue, l'épure totale, refusant tout campement pittoresque de bohémiens, feu de camp, mur roman ou gothique. Il n'y avait ici que quelques colonnes pour moitié en coulisse, quelques draps colorés tombant des cintres avant que d'y remonter, aucun matériel de scène…

Pourquoi pas, après tout !
Évidemment, à la longue, ce minimalisme sombre un peu dans la version de concert, scandée sinon agrémentée par la mouvance – un coup côté cour, un autre côté jardin – de chœurs essentiellement masculins, portant des costumes signés William Orlandi, aux singulières armures colorées en matière synthétique. Le summum est atteint avec un ballet rajouté lors du chœur des soldats, devant lesquels soudards, virils à souhait, batifolent de jeunes et graciles danseurs, dans une chorégraphie signée Berta Vallribera.

La distribution est sans peine dominée par les femmes.
D'abord la Leonora de Fiorenza Cedolins, émission généreuse et technique bien conduite, ce qui fait passer un timbre plutôt ingrat. Ensuite et surtout, le mezzo-soprano Luciana D'Intino, Azucena superbe par sa ligne de chant, son timbre chaud et expressif, l'étendue de son registre. Ces messieurs s’avèrent plus en retrait… D'abord le ténor Marco Berti (Manrico), développant un chant dénué de nuances, forçant la note, donnant dans l'aigu dur et détimbré. Ensuite – hélas ! – le baryton Vittorio Vitelli (Comte de Luna) au chant instable et parfois vacillant, pour ne pas parler du Ferrando de Paata Burchuladze, voix fatiguée, entachée d’un vibrato indiscret.

En revanche, les chœurs maison, beaucoup plus qu'un orchestre parfois dissonant du côté des cuivres, offrirent une puissance, une justesse et une musicalité parfaitement mises en valeur par la direction attentive, contrastée, pleine de souplesse, de Marco Armiliato.

GC