Chroniques

par bruno serrou

illuminé par Sandrine Piau
Ensemble Orchestral de Paris dirigé par John Nelson

Théâtre des Champs-Élysées, Paris
- 7 décembre 2010

Ce concert de l’Ensemble Orchestral de Paris dirigé par son ex-directeur musical, John Nelson, a été dédié à Pierre Theurier, régisseur de production mort samedi dernier à l’âge de quarante-sept ans. En début de seconde partie, tout l’orchestre donnait à sa mémoire un émouvant Larghetto extrait de la Symphonie n° 1 « Printemps » de Robert Schumann, à la fin duquel Nelson s’est discrètement retiré pour laisser les musiciens dans le silence, minute scandaleusement dérangé à plusieurs reprises par les goujats de toussoteux qui perturbent continuellement les concerts, quelle que soit la saison.

Ouvert sur la rare Sérénade en mi bémol majeur Op.7 pour treize instruments à vent d’un Richard Strauss de dix-sept ans déjà empli des mélodies de sa maturité, voire de ses dernières années, conclu sur la Suite « le Bourgeois gentilhomme » Op.60 tiré par le même Strauss de sa propre musique de scène pour la pièce éponyme de Molière, adaptée en allemand par Hugo von Hofmannsthal en 1911, et où l’on retrouve la façon de la Sérénade - deux œuvres fort bien jouées par l’EOP mené de main de maître par sa brillante premier violon, Deborah Nemtanu -, le concert eut pour sommet une fort belle interprétation des Illuminations Op.18 de Benjamin Britten dans leur version originale pour soprano et orchestre à cordes (l’œuvre est dédiée à la cantatrice Sophie Wyss).

Plus connue sous sa forme pour ténor et cordes, ce cycle de dix mélodies sur des poèmes d’Arthur Rimbaud, achevé en 1939, compte parmi les plus belles et déchirantes pages du compositeur britannique, qui sut remarquablement magnifier les vers du poète français avec une musique au souffle épique et anxieux, voire chaotique. Sandrine Piau chante ces sublimes pages dans un français impeccable et d'une voix ardente et limpide. John Nelson a dirigé le tout avec précision, mais de façon un peu trop contenue et lente.

BS