Chroniques

par irma foletti

Klaus Mäkelä dirige l’Orchestre de Paris
Daniel Lozakovich joue le Premier Concerto de Max Bruch

Festival d’Aix-en-Provence / Grand Théâtre de Provence
- 13 juillet 2021
Les jeunes Daniel Lozakovich et Klaus Mäkelä au Festival d’Aix-en-Provence 2021
© vincent beaume

L’Orchestre de Paris est invité ce soir sur la scène du Grand Théâtre de Provence, dans le cadre du Festival d’Aix-en-Provence, pour un concert placé sous la baguette de Klaus Mäkelä, annoncé comme directeur musical de la formation à partir de septembre 2022. Il succèdera ainsi à ce poste à plusieurs monuments de la direction d’orchestre, comme Charles Munch, Herbert von Karajan, Georg Solti, Daniel Barenboim, etc. Ce qui frappe d’abord est la jeunesse du chef finlandais de vingt-cinq ans.

Le programme démarre avec la Pavane pour une infante défunte de Maurice Ravel, une musique d’une grande douceur véhiculée sur un confortable tapis de cordes. Les soli de bois sont déroulés avec sérénité, tandis que le pupitre de cors laisse cependant percevoir de petites failles. Lorsque le violoniste de vingt ans Daniel Lozakovich entre sur le plateau, remplaçant Janine Jansen initialement prévue mais souffrante, la prise de pouvoir par la jeunesse se confirme. Son interprétation du Concerto en sol mineur Op.26 n°1 de Max Bruch est, en effet, un grand moment, salué à sa conclusion par une ovation du public. Dès les premières mesures du soliste en solo, les sonorités de l’instrument enivrent. La virtuosité paraît ensuite maîtrisée avec une telle marge qu’elle semble naturelle. L’artiste suédois se tourne parfois vers l’orchestre afin de doser mutuellement les nuances piano, la direction faisant par ailleurs ressortir le caractère romantique de ces passages. Le dernier mouvement, Allegro energico, et ses couleurs tziganes, est une nouvelle démonstration du formidable abattage de l’instrumentiste, menant à un final particulièrement brillant en compagnie d’une phalange en majesté, très lyrique. En rappel, Daniel Lozakovich joue une partita de Bach, usant d’un suprême art du toucher de l’archet, en produisant une exceptionnelle pureté de son, dans une musicalité admirable. Le public ne s’y trompe pas, écoutant presque religieusement dans une salle au silence absolu, qui se libère ensuite par de longs applaudissements.

Après l’entracte, la classique Symphonie en mi mineur Op.95 n°9 « Du Nouveau Monde » d’Antonín Dvořák met à nouveau en évidence toutes les qualités de la formation parisienne, en compagnie de Klaus Mäkelä au pupitre [lire notre chronique du 20 janvier 2021]. Cette fois, aucune réserve n’est à formuler au sujet des cuivres, harmonieux et étincelants dans les sections les mettant le plus en valeur. Les échanges entre bois et cordes sont plaisants et le solo de cor anglais du Largo (deuxième mouvement) séduit pleinement. Le tutti fait preuve de mordant dans le Scherzo qui suit, à l’image de la gestique plutôt démonstrative du chef, puis l’ensemble dessine de forts contrastes dans l’Allegro con fuoco conclusif. Beau succès à l’issue de cette soirée qui laisse augurer de belles années à l’Orchestre de Paris avec son futur directeur musical.

IF