Chroniques

par bertrand bolognesi

l’ère Liebermann
une exposition

Opéra national de Paris / Palais Garnier
- du 14 décembre 2010 au 13 mars 2011
exposition en hommage à l’ère Liebermann
© e.lessing / magnum

Les sept années que le compositeur Rolf Liebermann passera à diriger l’Opéra national de Paris auront marqué par des productions d’une grande ambition comme par le passage d’artistes d’exception. L’ex-intendant de la Staatsoper de Hambourg arrive à la tête de la Grande boutique en 1973 ; Giorgio Strehler signe alors ses désormais légendaires Noces abondamment reprises depuis [lire notre chronique du 31 octobre 2010]. Suivront bientôt l’Elektra et leParsifal d’August Everding, Faust et Pelléas et Mélisande par Jorge Lavelli, jusqu’au Boris Godounov de Joseph Losey et, bien sûr, à cette exceptionnelle aventure que restera pour tous la réalisation des trois actes de Lulu d’Alban Berg, complétée par Friedrich Cerha et confiée aux bons soins de Patrice Chéreau et Pierre Boulez.

Rendant hommage à cette Ère Liebermann incroyablement féconde, le Palais Garnier rafraîchit les mémoires et fait découvrir à une génération de lyricophiles qui n’a pas l’âge deles avoir connues ces productions qui font encore rêver, à travers les maquettes des scénographies, des dessins qui générèrent autant de costumes, de décors, d’architectures, de mondes, enfin. Comment ne pas admirer l’extrême précision des croquis d’Ezio Frigerio, par exemple, ou l’inquiétante fantaisie des esquisses d’Andrzei Majewski ? Pour en rendre plus complètement compte encore, la photographie est bien présente, offrant au visiteur autant de moments privilégiés saisis dans l’instant de grâce, images de représentations, images de répétitions ; autant de visages inspirés, de regards sous l’effort, de gestes pris sur le vif.

Ce parcours vous mènera à travers de mémorables soirées d’opéra et de ballets à vous faire une idée de l’esprit toujours en mouvement que put être Rolf Liebermann – un homme que les gens qui le côtoyèrent qualifient aujourd’hui de grand seigneur comme il n’en existe plus. Pour l’occasion, les éditions Gourcuff Gradenigo, avec le concours de la Bibliothèque nationale de France, de l’Opéra national de Paris et de l’Arop, publie un catalogue magnifique – livre, devrait-on dire, qui non seulement reproduit, raisonne et commente les documents exposés, mais les complète de quelques autres qu’il est le seul à montrer.

BB