Chroniques

par bertrand bolognesi

La serva padrona | La servante maîtresse
intermezzo de Giovanni Battista Pergolesi

Classique au vert / Parc Floral, Paris
- 5 septembre 2009
La servante maîtresse (pergolèse) par Les Paladins à Vincennes, 2009
© dr

En 1733, le Napolitain Gian Batttista Pergolesi concevait l'intermezzo léger La serva padrona qu'il fit jouer en entractes d'Il progioniero superbo, opéra seria. Assemblées, ses scènes forment un véritable petit opéra buffa que l'on connaît aujourd'hui sous une forme continue et autonome. Puisque la Bibliothèque Nationale de France en conserve une version en langue française de 1754 signée Pierre Baurans (l'œuvre avait été donnée à Paris en italien deux ans plus tôt), pourquoi se priver de l'approche directe qu'elle nous offre ? Ainsi Jérôme Correas, à la tête de ses Paladins, en présente-t-il cet après-midi l'adaptation de Vincent Vittoz, dans la verdure.

Il n'empêche : la facture de l'ouvrage sent continuellement son italianità : la vélocité de la partition, intrinsèquement liée à la faconde napolitaine, s'enraye dans notre idiome, au point de le faire paraître lourdaud. Les dialogues ne fonctionnent guère et sentent leur gentil Molière de pensionnat. Pourtant, la vivacité de la direction musicale autant que l'expressivité de l'art des chanteurs finiront par l'emporter.

AussiAurélia Legay suffit-elle à dynamiser l'exécution qui, de concert, n'a rien à envier à une représentation scénique. Infiniment nuancée, facétieuse, contrastée, dotée d'un grand souffle, sa servante, dont les moyens vocaux se déploient peu à peu, s'avère particulièrement attachante… et immensément théâtrale ! Le baryton Vincent Billier n'est pas en reste, prêtant à Pandolfe, vieux barbon snob à l'indignation prompte, une voix puissante et une rondeur de timbre avantagées d'une diction exemplaire. Moins démonstrative, la présence scénique s'équilibre idéalement.

Demeure une leçon dispensée à Loretta Zerbinetta, dont l'improbable baragouin oscille comiquement de la Sierra de Cazorla aux Campi flegrei, qui n'aura pas manqué de provoquer le rire de quiconque accompagna, prit ou assista à des leçons de chant, chez un des innombrables gourous trainant sur le périlleux pavé de cet apprentissage !

BB