Chroniques

par gérard corneloup

Les nuits d’été pour baryton et piano
œuvres de Berlioz et Jadin

Les Nuits d’Été de Mâcon / Cour de l’Hôtel de Senecé
- 26 juillet 2012
Les nuits d’été pour baryton et piano
© dr

Dix ans ! Cela fait dix ans cet été que sont nées Les Nuits d’Été, comme partie intégrante du festival L’Été Frappé, ensemble d’animations et manifestations gratuites offertes chaque année, de fin juin à fin août, par la Ville de Mâcon à ses habitants et plus généralement aux mélomanes divers et variés, goûtant aussi bien le jazz que le rap… et le classique. Les deux directeurs fondateurs, deux musiciens, Jean-Pascal Meyer et Xavier Le Roux, font ainsi régulièrement le plein des 600 à 700 places installées dans quelques-uns des beaux jalons du patrimoine architectural que possède l’ancestrale cité du sud bourguignon. De la place Saint-Pierre au Musée des Ursulines, en passant par la cour de l’Hôtel de Senecé, lequel abrite la savante Académie de Mâcon, depuis plus de deux siècles. Cette dernière possède un atout de choix : une acoustique à la fois bien définie et bien équilibrée – chose des plus rares en un lieu de plein air – adroitement située au cœur même de la vielle ville.

Parallèlement au master classe habituel – lequel est dévolu, cet été, à de jeunes pianistes –, nos directeurs on décidé d’évoquer une partition berliozienne dont le titre s’identifie justement au nom de la manifestation : Les nuits d’été. Un grand classique en la matière, donné dans la version réunissant un piano et un baryton, en l’occurrence le jeune chanteur Arnaud Richard et le pianiste Xavier Le Roux. Le premier est avant tout connu pour son illustration du monde lyrique baroque, volontiers en compagnie du « maitre » William Christie, comme dans un récent Atys de Lully, particulièrement remarqué [lire notre critique du DVD]. Le répertoire romantique lui semble moins familier et son expression musicale n’y plie point toujours avec bonheur son timbre, ses passages de registres, ses couleurs et son élocution, même en compagnie de son complice instrumentiste, lequel développe aussi heureusement les demi-teintes voilées que les envolées lyriques et généreuses.

Le même Xavier Le Leroux a, de surcroit, l’excellente idée d’inscrire au programme une pièce d’Hyacinthe Jadin, compositeur français bien oublié de nos jours, à cheval sur l’Ancien Régime et la Révolution, à l’inspiration sans doute pas vraiment exceptionnelle mais qui pourtant écrivit une dizaine de sonates, des quatuors, des trios, trois concerti pour piano, et pâtit certainement de se trouver à la charnière entre les (grands) classiques et les (grands) préromantiques. Sa Sonate en ut # mineur Op.4 n°3 équilibre cependant habilement les circonvolutions d’un Allegro moderato initial, les rêveries d’un Adagio central et les élans d’un altier Rondeau final. Trois climats, tout aussi heureusement explorés par son pianistique défenseur d’un soir.

GC