Chroniques

par laurent bergnach

Parasztopera | L'opéra paysan
spectacle de Béla Pintér

Théâtre de la Cité Internationale, Paris
- 18 octobre 2008
L'opéra paysan, spectacle de Béla Pintér
© gábor dusa

Acteur, metteur en scène et auteur, Béla Pintér naît à Budapest, en 1970. Après dix ans à jouer pour d'autres (théâtre alternatif, cabaret classique, danse contemporaine), il crée sa propre compagnie en 1998, au Szkéné Theater. Joué en France pour la première fois, son Opéra paysan prouve l'attachement de Pintér à la narration autant qu'à la danse, à la musique et au chant. Ici, la forme a inspiré le sujet :

« Je cherchais à utiliser certaines lamentations de la musique folklorique transylvanienne comme lignes directrices de la dramaturgie. Je connais au moins deux cents chants traditionnels et j'en ai choisi quelques-uns qui sont devenus les arias [...]. Pour écrire les récitatifs, nous avons utilisé de la musique baroque pour cordes, et dans ce cas, le texte est venu en premier – texte à partir duquel Benedek Darvasa ensuite composé la partition ».

Difficile de s'y retrouver, tout d'abord, dans cette histoire de famille qui n'a rien à envier aux opéras seria d'antan et autres sitcoms plus proches de nous. Un mariage se prépare, entre une jeune fille enceinte, Etelka, et Roland, un jeune homme par ailleurs amoureux d'une sœur adoptive. Comme si cela ne suffisait pas, la mère de la première interrompt la cérémonie religieuse pour révéler son adultère passé : Etelka est la fille d'un cow-boy de passage, qui pourrait être le frère aîné de Roland, parti faire fortune en Suède il y a presque vingt ans. Ce dernier revient voir ses parents, mais garde le silence sur son identité, faisant basculer la farce dans un drame qui semblera familier aux lecteurs de Camus.

Chanté de bout en bout, dans une phonation qui ne prétend jamais à la technique lyrique, ce spectacle en hongrois surtitré peut déconcerter, car il mixe les emprunts culturels de façon anecdotique, à l'instar de la musique – servie par trois violonistes, une contrebasse et un claviériste assurant le continuo – qui s'orne de motifs roumains, tziganes, juifs, serbes, saxons et arméniens.

LB