Chroniques

par bertrand bolognesi

récital François-Frédéric Guy

Musica / Auditorium France 3 Alsace, Strasbourg
- 25 septembre 2004
le pianiste français François-Frédéruc Guy joue Dufourt et Schumann à Strasbourg
© dr

Après la création de son Concerto pour piano (commande d’État) par Ancuza Aprodu, l’Ensemble Orchestral Contemporain et Daniel Kawka (au Palais des Fêtes, avant-hier), le festival Musica propose une Journée Hugues Dufourt, ce samedi, introduite par le récital du pianiste François-Frédéric Guy – qui livrait ici même une interprétation musclée du Concerto Op.42 de Schönberg lors du concert d’ouverture de la manifestation strasbourgeoise[lire notre chronique du 17 septembre 2004]. Hugues Dufourt a suivi une formation de pianiste à Lyon et à Genève, parallèlement à des études de philosophie qu’il poursuivit avec succès.

Ce sont principalement deux pièces déjà anciennes de Dufourt qui marquent le public : Erewhon pour six percussionnistes et cent cinquante instruments en 1977, et Saturne pour orchestre deux ans plus tard. Meeresstille (1997) et an Schwager Kronos sont initialement des Lieder composés par Franz Schubert sur des poèmes de Goethe.

Plaçant son inspiration sous la protection sans conteste fécondante de l’univers particulier du Lied romantique, le compositeur français écrit deux pièces pour piano seul qui explorent les timbres de l’instrument comme aucune autre. Par un jeu extrêmement concentré, une gestion minutieusement contrôlée des forces et de l’énergie, le pianiste, passé maître dans l’art de structurer un climat, présente une approche tout intérieure de ces œuvres, dans une lecture d’une intensité ténue.

Avec une certaine ampleur, une sonorité d’une rondeur délicieuse, une articulation retenue, François-Frédéric Guy joue ensuite les Études Symphoniques Op.13 de Robert Schumann qu’il préserve de toute emphase. C’est un romantisme intériorisé qu’il impose, dont un grand souffle n’est toutefois pas exclu. La fluidité de son abord des variations les plus rapides demeure mystérieuse, jamais gratuitement virtuose, grâce à une coloration très personnelle. L’interprétation s’inscrit dans une gravité pudique, jamais brutale, ne se soumettant pas à l’éventuelle complaisance d’aléas de tempo. L’utilisation assez copieuse des pédales – attention cependant à ne pas brouiller certains traits – favorise une pâte égale qui fuit les contrastes violents ou l’articulation trop visible.

BB