Chroniques

par laurent bergnach

résidence Kaija Saariaho
œuvres de Fahrang, Saariaho, Solano et Studer

Musica / Auditorium France 3 Alsace, Strasbourg
- 28 et 29 septembre 2005
la compositrice finlandiase Kaija Saariaho en résidence à Strasbourg
© dr

En résidence au CNR de Strasbourg depuis mars dernier, Kaija Saariaho s’est donné pour tâche particulière d’initier les plus jeunes à la musique de notre temps – puisqu’il n’est pas inutile, comme elle l’annonce cet après-midi avec sagesse, de « commencer dès le début ». Dédicataire de l’œuvre pour violoncelle de la compositrice, conseiller artistique de ce concert, Anssi Karttunen accompagne son associée sur le projet Petals dans cet apprentissage qui est monnaie courante en Finlande. Le soliste supervise notamment quelques minutes d’improvisation pour huit instruments à cordes. Autres collaborateurs pour ce premier rendez-vous d’un cycle qui en comportera trois : quatre élèves de la classe de composition d’Ivan Fedele.

Il en faut de la générosité pour accepter de confier une création – si adaptée soit-elle à leur niveau – à des enfants d’une dizaine d’années ! Alireza Farhang a composé Through the looking glass (De l’autre côté du miroir) pour quatre harpes celtiques (accords bondissants et frappe du poing sur la table), tandis que Rémi Studer livre Études de quatuor dont quatre ensembles se partagent les sept parties (à base de passages virtuoses, grincements, pizz’, frappes des doigts, etc.). Avec Perles, gouttes et ondes, Iván Solano invite l’électronique (sons étouffés d’eau et de cloches) en fond d’une chorale de près de quarante enfants concentrés sur des souffles, des sifflements et quelques tapotements de cuisse. Pièce la plus applaudie du concert, Scherzo dodécaphonique consiste en différentes interventions du jeune Patrick Schreiber aux gongs, triangle, marimba et glockenspiel, tandis que ses partenaires, Léo Grislin et François Hagenmuller, jouent du vibraphone à l’aide de maillets traditionnels, mais aussi en passant un archet sur le rebord des lames.

Entrecoupant ces différentes œuvres, trois couples de violonistes proposent à tour de rôle leur interprétation de Danse des flocons I et II, une œuvre courte de Saariaho dont nous entendrons plusieurs fois la ritournelle poignante, mais sous certains doigts plus experts que d’autres. Au final, la pièce est reprise dans sa version orchestrée, sous la direction de Leila Faraut et avec la présence du jeune flûtiste Xavier Eibel – lequel avait ouvert le concert avec La flûte magique de Lisa.

Le lendemain, ce sont les plus grands du Conservatoire que nous découvrons dans un programme entièrement consacré à l’instigatrice de cette belle expérience. Après Sept Papillons donné en soliste en tout début, Anssi Karttunen revient finir le concert en tant que chef pour Neiges. Parmi les huit violoncellistes, citons le talentueux Johannes Burghoff, déjà remarqué précédemment dans le trio Cendres. Entre temps retentissent les voix des soprani Sophie Ottenwelter et Ariane Wohlhuter – l’une éthérée, l’autre corsée, pour un extrait prenant de From the Grammar of Dreams – et celle, lumineuse, au timbre ambrée, de Clarissa Worsdale, accompagnée du violon de Jean Sachs pour Changing light.

LB