Chroniques

par gérard corneloup

Sainte Cécile, de Purcell à Britten
Gabrieli Consort and Players, Paul McCreesh

Festival de La Chaise-Dieu / Abbatiale
- 18 août 2010
Paul McCreesh dirige ses Gabrieli Consort and Players à La Chaise-Dieu
© ben wright

Elle passe pour avoir chanté en s'accompagnant à l'orgue, ce qui tout naturellement l'a conduite à devenir la patronne des musiciens. Haut lieu de l'art à la fois musical et sacré, il était tout naturel que le Festival de La Chaise-Dieu consacrât une soirée entière à la sainte et, plus loin, aux musiques qu'elle a inspirées et suscitées. Ainsi du concert inaugural de l'édition 2010, sous les voûtes superbes autant que grandioses de l'Abbatiale.

Henry Purcell occupe bien évidemment une place de choix dans cet hommage religieux, lui qui écrivit nombre de pièces évoquant la sainte, le plus souvent destinées aux concerts alors organisés à Londres par une société musicale proposant ses manifestations le 22 novembre, date supposée du martyre de Cécile.

Après l'habituelle introduction jouée sur le grand orgue, au cours duquel le jeune interprète Gilles Oltz révèle avec brio et musicalité le Ballo del Granduca de l’immense Jan Pieterszoon Sweelinck, compositeur aujourd’hui trop peu joué de la fin du XVIe siècle,le premier volet purcellien offre la fluidité et la richesse inventive de Welcome to All the Pleasures. Place est faite ensuite au fameux (quoi qu'un peu long) Hail, Bright Cecilia du même Orpheus Britannicus, avec son savant dosage de vibrantes parties vocales et de pièces pour cordes seules.

Qui pouvait mieux défendre ce répertoire que Paul McCreesh, spécialiste du genre et habitué du festival où il est venu, bien sûr, avec les chanteurs et les musiciens de son Gabrieli Consort and Players, les premiers ardents défenseurs des parties solistes, les seconds fondant leurs rayonnantes individualités dans des tutti d'une merveilleuse cohésion ?

Encore la soirée fait-elle découvrir aux mélomanes une rareté : Hymn to Saint Cecilia, pièce de jeunesse a capella écrite par Benjamin Britten, qui n'ajoute sans doute pas grand-chose à la gloire de ce dernier mais fait montre de son art à traiter les voix. Et puis n'est-ce pas l'une des facettes fondamentales de cette manifestation que de faire revivre des musiques oubliées ?

GC