Chroniques

par bertrand bolognesi

Josef Mysliveček
Symphonies F 26 à F 31

1 CD Chandos (2004)
CHAN 10203
Josef Mysliveček | Symphonies F 26 à F 31

La collection Contemporaries of Mozart du label Chandos poursuit ses précieuses explorations, et présente ce bel enregistrement de six des nombreuses symphonies de Josef Mysliveček – F 26 à F 31 – en première discographique. Nés à Prague un 9 mars 1737, les jumeaux Mysliveček étudient ensemble à l'École Normale Dominicaine de l'Église Saint Gilles et au Lycée jésuite du Clementinum de la capitale de Bohême. Si l'un poursuit sa formation à l'Université, l'autre, Josef, travaillera un temps dans la meunerie familiale, puis décidera de se lancer dans une carrière musicale. Comme le voulaient l'époque et le lieu, il apprendra l'orgue et la composition auprès de divers maîtres, avant d'aller se perfectionner à Venise et d'y suivre les conseils de Pescetti. Sa carrière sera essentiellement italienne, ses opéras étant joués à la Sérénissime, bien entendu, mais aussi sur les scènes de Bergame, Bologne, Florence, Milan, Naples, Parme, Rome, ville où il s'éteindrait le 4 février 1781. Le monde musical d'alors lui donnerait le surnom affectueux de divino boemo, dans un élan certes sincère, mais aussi pour pallier les difficultés de prononciations que présente son véritable patronyme pour un public latin.

Avec un disque d'autres de ses symphonies paru il y a quelques temps chez Supraphon (Orchestre de Chambre de Prague), cette livraison est une rareté absolue, puisqu'il n'y a aujourd'hui rien de plus de disponible à la gravure (et des airs d'opéra dans un récital de Magdalena Kožená). Matthias Bamert à la tête desLondon Mozart Players nous offre une interprétation d'une élégance délicate propre à servir une musique qu'on pourra dire préclassique, à la fois proche de Mozart et Haydn. La concision de chaque mouvement (toutes les symphonies présentées en comptent trois, la partie lente située toujours au milieu) est assez frappante ; on citera en exemple l'Andante de la Symphonie en fa majeur F 28 qu'un autre n'eût sans doute pas hésité à développer (opposant peut-être à la délicatesse du thème un contre-thème plus dramatique) et que Mysliveček dépose en toute simplicité. Petites merveilles d'équilibre, ces œuvres ne pêchent jamais par excès de brio : on admirera le savoir faire pudique qui les construit, ce que le chef suggère par sa lecture au cordeau, mettant en valeur les différents échanges sans les transformer en ornements, dans une urgence qui ne supporterait pas l'impureté. Ainsi le doux Andante grazioso de la Symphonie en ré majeur F 29 qui, sans être pris dans un tempo plus vif qu'il ne faudrait, avance cependant, sans perdre sa tenue. De même l'effervescent Prestissimo qui suit se garde-t-il sainement de tout théâtre. Qu'on ne se méprenne pas : il n'y est rien de sévère, mais une amabilité qui, pour rester toujours gracieuse, ne saurait s'écarter de la mesure et du goût. Incontestable clé de voûte du CD, l'Andante de la Symphonie en si bémol majeur F 30 illustrera idéalement ce propos.

BB