Chroniques

par hervé könig

Valery Gergiev et l'Orchestre du Théâtre Mariinski
Balakirev – Borodine – Rimski-Korsakov

1 CD Philips (2002)
470 840-2
Valery Gergiev joue Balakirev, Borodine et Rimski-Korsakov

Comme tant d'autres à l'époque, les artistes russes du XIXe siècle ont succombé au charme de l'exotisme oriental – un Orient de couleurs, de chaleur, de sensualité qui tenait plus du rêve et de l'idéal que de la réalité. Les paysages montagneux du Caucase inspirèrent Mily Balakirev (1837-1910) ; en 1869, il écrivit Islamey, une fantaisie orientale pour piano. Deux ans après sa mort, un de ses derniers élèves, Sergueï Liapounov (1859-1924), en proposa une orchestration que ce disque nous permet d'entendre, restant une rareté au concert. Valery Gergiev à la tête de l'Orchestre du Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg grave une lecture autant colorée que précise.

Rencontre de l'Est et de l'Ouest, Dans les Steppes de l'Asie centrale fut commandé à Alexandre Borodine (1833-1887)en 1879, pour un anniversaire royal. Le désert, silencieux et monotone, est troublé par l'approche d'animaux puis d'une caravane escortée par des soldats russes. Tout s'éloigne enfin, et le silence revient. Cet enregistrement brille particulièrement par le soin apporté aux contrastes, créant un mystère qui ne se dément pas dans la dernière œuvre à son programme.

Shéhérazade Op.33, symphonie composée en 1888 par Nikolai Rimsky-Korsakov (1844-1908), est évidemment inspirée par le célèbre cycle de contes Les Mille et une nuits. Les noms des quatre mouvements sont sans équivoque : Bagdad, Sinbad, la mer et des princes amoureux… On est bien dans un univers d'aventures ! Bien que purement orchestrale, l'œuvre inspira à Diaghilev un ballet du même nom, qui fut créé à Paris en 1910. Le succès du spectacle popularisa Shéhérazade en Europe de l'Ouest.

On découvre ici une version à la fois puissante et minutieuse dans le détail, d'une sonorité plus claire que celle de Chung, par exemple, et moins statique que celle de Kondrachin. Le violon solo, Sergei Levitin (en récital le 28 mars au Théâtre du Châtelet) mène joliment chaque phrase, sans en faire trop – il ne s'agit pas d'un concerto.

HK