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Chroniques
œuvres de Mark Andre, Gordon Kampe, Liza Lim, Elena Mendoza
Journées de musique de chambre contemporaine de Witten – épisode 3
Klangforum Wien est sans conteste l’ensemble associé aux Wittener Tage für neue Kammermusik (Journées de musique de chambre contemporaine de Witten). Nous l’entendions hier dans Epigram I-III (Franck Bedrossian) et Lightning Flowers (Ashley Fure), ainsi que vendredi dans Übergang (Yann Robin), Cleopatra’s Songs (Agata Zubel) et Tension (Vito Žuraj) [lire nos chroniques des 28 et 27 avril 2018]. Nous le retrouvons ce matin à l’École Rudolf Steiner dans un programme entièrement consacré à Liza Lim avec la création mondiale d’Extinction events and dawn chorus pour ensemble. Cette œuvre d’environ quarante-cinq minutes est une commande du festival allemand et de la formation instrumentale autrichienne, soutenue par la fondation australienne APRA AMCOS Art Music. Son sujet est le réchauffement climatique, la crise de la nature, la destruction de la planète. L’adaptabilité de certains organismes est aussi au cœur de la préoccupation. Cet aspect est traduit par des pratiques instrumentales insolites, au fil des cinq parties de la pièce (Anthropogenic debris, Retrograde inversion, Autocorrect, Transmission et Dawn chorus). La compositrice australienne signe une grande page d’inspiration spectrale. L’exécution est dirigée par Peter Rundel.
À 16h, Mariano Chiacchiarini [photo] mène le WDR Sinfonieorchester dans trois opus qui concluent l’édition 2018 du festival. Ce dernier concert ne commence pas par le Concert de chambre de Brice Pauset initialement prévu, mais par la première allemande de Salón de espejos pour deux pianos, deux percussions et grand orchestre (2010 ; révisé en 2018) d’Elena Mendoza [lire notre chronique du 21 février 2017] – le musicien français n’a pas livré son travail à temps. Le Duo GrauSchumacher honore la tonicité de la partie soliste suspendue dans un espace très flottant. Les moments de rythmes swingués tentent une articulation dans un magma continuiste. Johannes Steinbauer et Johannes Wippermann colorent la fuite du tutti sur la pulsation jazz des contrebasses.
Ensuite, nous entendons la création d’...hin... pour harpe et orchestre de chambre de Mark Andre. L’œuvre commence dans un halo bruitiste. Les cordes pincées de la partie soliste, tenue par Andreas Mildner, s’affirment en creux, d’abord, puis tentent une percée plus affirmée, d’un aspect très guitare. Dans la lignée de Lachenmann, le son reste très limité. De la même façon le geste musical est retenu, sans issue. Pourtant des inserts percussifs brutalisent la pièce, elle n’est pas du tout monolithique. Au contraire, l’invention est très subtile. Fat-Finger Error est le titre donné par Gordon Kampe à son nouvel opus, dédié à l’orchestre de chambre. Il renvoie à une faute de frappe. Des erreurs surgissent dans le travail de chaque musicien. Il faut faire avec cela. Après une invective vocale, agressive et comique, un collage de fragments épars se met en mouvement. Il est regrettable de finir sur ce bavardage habilement ficelé.
À l’an prochain !
AO