Chroniques

par bertrand bolognesi

Леди Макбет Мценского уезда | Lady Macbeth de Mzensk
opéra de Dmitri Chostakovitch

Opéra de Massy
- 15 mars 2007
© opéra paris sud

Si l’on se souvient avec beaucoup de plaisir de la mise en scène du Nez de Chostakovitch par Dmitri Bertman avec l’équipe de l’Hélikon de Moscou, son approche du second opéra du compositeur soviétique, Lady Macbeth de Mzensk s’avère des plus décevantes. De prime abord, le décor réalisé par Igor Nejny soutient assez bien l’action, bloquant la situation amoureuse et familiale de l’héroïne derrière un mur de tuyaux noués, de cages de monte-charge et de grands ventilateurs industriels. Mais à long terme, le dispositif s’use et révèle ses limites. Son utilisation se montre ingénieuse durant les phases de découverte que sont les deux premiers actes, mais s’essouffle à la fin de ce dernier au point de devoir inventer une inepte surenchère pour tâcher d’illustrer le troisième, dans une loufoquerie désincarnant le drame. Pour comble, l’ultime épisode rencontre un traitement elliptique, pour ne pas dire abstrait, qui couronne l’échec de cette production qui n’a de superbe que l’arrogance de sa vulgarité. Le résultat : non seulement le destin de Katerina ne nous intéresse pas, mais l’avalanche criminelle de son histoire laisse de marbre, de sorte que l’on pourrait bien quitter le théâtre avec le sentiment que l’intrigue de Leskov n’a pas de corps.

Fort heureusement, le plateau vocal sert honorablement l’ouvrage. Dmitri Ponomarev y campe un Zinovy au timbre clair, Sergueï Toptygin est un Boris plus élégant qu’à l’accoutumé, tandis que Vadim Zaplechny s’avère un Sergeï vaillant dont on pourra regretter cependant le chant trop peu nuancé. Les voix féminines sont parfaitement distribuées, avec l’Aksinia mordante de Marina Kalinina, la Katerina amplement lyrique de Svetlana Sozdateleva et, surtout, l’exquis velours du grave sensuel de Xenia Viaznikova en Sonietka. Il faudra bien avouer, toutefois, que le jeu se trouve tellement circonscrit dans l’univers imaginé par Bertman qu’il ne donne guère crédit aux personnages.

Tout en observant l’efficacité des artistes du Chœur de l’Opéra-Théâtre Hélikon, préparés par Denis Kirpanev, et un emploi particulièrement heureux d’une certaine félinité musculeuse toute masculine dans le second tableau, mise en valeur par les costumes de Tatiana Tulubieva, les musiciens de l’Orchestre de Massy rencontrent de grandes difficultés. Indéniablement, aborder cet ouvrage demeure encore ambitieux pour cette formation, malgré la précision, la rigueur et l’énergie dépensées par le jeune Konstantin Tchoudovski au pupitre.

BB