Chroniques

par irma foletti

Adina ovvero Il califo di Bagdad | Adina ou Le calife de Bagdad
farsa semi-seria de Gioachino Rossini

Rossini Opera Festival / Teatro Gioachino Rossini, Pesaro
- 15 août 2018
au Rossini Opera Festival de Pesaro, Rosetta Cucchi met en scène Adina (1826)
© studio amati bacciardi

Cette édition du Rossini Opera Festival (ROF) se complète d’une farsa semi-seria composée sur le livret du Marquis Gherardo Bevilacqua Aldobrandini (1791-1845), adapté de celui conçu par Felice Romani pour Il califo e la schiava de Francesco Basili (Milan, 1819). Adina, écrit par Rossini pendant l’été 1818, à Bologne, à la demande d’un notable portugais – tout comme Ricciardo e Zoraide [lire notre chronique du 14 août 2018], l’on fête cette année ses deux cents ans d’existence –, fut représenté pour la première fois au Teatro São Carlos de Lisbonne, le 22 juin 1826.

Au ROF, cet ouvrage n’avait connu qu’une seule production jusqu’à présent, celle de Moni Ovadia créée en 1999, puis reprise en 2003. La nouvelle réalisation de Rosetta Cucchi est bien dans le ton de cette farce rossinienne en un acte, jouée dans des décors naïfs, aux couleurs vives, signés Tiziano Santi et des costumes de Claudia Pernigotti, le tout dans des ambiances suggérées par les lumières de Daniele Naldi. Sur un gazon d’un vert parfait, un gâteau de mariage géant à plusieurs étages occupe le plateau, pour célébrer les noces d’Adina et du calife. Mais à la fin de la représentation la belle se mariera avec son amoureux retrouvé, Selimo, alors que le vieux Califo reconnaît en elle, in extremis, sa fille ignorée, grâce au bracelet qu’il avait offert à son grand amour de jeunesse, Zora. Au rez-de-chaussée, Califo prend un bain moussant, ses hommes de main armés de mitraillettes colorées l’accompagnent parfois. Au premier étage, Adina se morfond dans sa chambre devant la photo de son fiancé, et au second Selimo sera jeté en prison après son arrestation.

Dans le rôle-titre, Lisette Oropesa, soprano américain régulièrement salué dans nos colonnes [lire nos chroniques de Mitridate, Les Indes galantes et Lucia di Lammermoor] qui sera prochainement Marguerite de Valois dans Les Huguenots à l’Opéra national de Paris, fait entendre une voix fruitée, très souple et aux suraigus faciles. Levy Sekgapane (Selimo) est un ténor de petite épaisseur, mais élégant, qui affronte sans faille la virtuosité de la partition, tandis que le baryton-basse Vito Priante (Califo) est bien timbré, mais peine par moments sur les cadences plus rapides [lire nos chroniques de L’ange de Nisida, Don Giovanni, Il Flaminio et Motezuma].

L’Orchestra Sinfonica G. Rossini et le Coro del Teatro della Fortuna Mezio Agostini sont placés sous la direction vivante et appliquée de Diego Matheuz, pour la première fois au Rossini Opera Festival. Ce spectacle a été créé en coproduction avec le Wexford Festival Opera qui devrait le présenter au cours de l’édition 2019 – n’hésitez pas à faire le voyage !

IF