Chroniques

par bertrand bolognesi

Andrea Marcon dirige le Venice Baroque Orchestra
Andromeda liberata d'après Vivaldi

Festival d’Ambronay / Abbatiale
- 11 octobre 2008
Andrea Marcon joue Andromeda liberata (Vivaldi) au Festival d'Ambronay
© patoch

En déclarant trop fièrement sa beauté supérieure à celle des nymphes formant le cortège de Poteidáôn, l’Éthiopienne Cassiopée ignorait qu’elle ferait déborder les mers sous la fureur de dieu auquel Andromède (comprendre : qui commande l’homme), sa propre progéniture, dût être sacrifiée. Vainqueur de Méduse, la fille de Céto, le monstre envoyé pour provoquer l’ouragan, Persée libère du sort la jeune fille, pour ses beaux yeux. En conclura-t-on avec les moralistes que l’agrément physique est à la fois l’ennemi et l’ami de celui qui l’arbore ? Si vaste est le sujet qu’il laisse tout loisir aux poètes et aux musiciens d’y aller chacun de sa chanson.

Ainsi de la présente sérénade, Andromeda liberata, dont le musicologue Olivier Fourès nous apprend qu’elle put être écrite en 1726 pour fêter le retour du cardinal Pietro Ottoboni à Venise, sa ville natale dont il avait été banni quatorze ans plus tôt après une affaire politique. Mécène des musiciens de son temps, il paraîtra justifié que ceux-ci lui aient rendu hommage en illustrant un livret (dont l’auteur nous est inconnu) qui l’assimile à Persée se réconciliant avec Venise, à l’issue d’une intrigue très librement adaptée de l’argument mythologique.

Si l’on est sûr de la contribution de Vivaldi, l’on soupçonne l’œuvre de n’être pas toute de sa main, de relever en fait du pasticcio assemblant plusieurs plumes. Un seul air lui étant précisément attribuable, l’énigme demeure entière.

Quatre ans après sa parution discographique [lire notre critique du CD], nous retrouvons l’ouvrage au concert, dont les rares chœurs sont, cette fois, confiés au quintette de solistes. Ce soir, la prestation du Venice Baroque Orchestra s’avère des plus équilibrées, dès la Sinfonia introductive. Andrea Marcon livre une interprétation à la fois dramatique et fastueusement ornée, que vient à peine contredire une distribution assez terne où l’on retient cependant les contreténors Jordi Domènech, dont l’impact séduit, et Xavier Sabata dont l’expressivité discrète magnifie le timbre velouté par un chant sensiblement nuancé.

BB