Chroniques

par bertrand bolognesi

Antonio Vivaldi | Vêpres solennelles pour l’Assomption de la Vierge
Concerto Italiano, Rinaldo Alessandrini

Festival d’Ambronay / Abbatiale
- 20 septembre 2003
le chef italien baroque Rinaldo Alessandrini par Eric Larrayadieu
© eric larrayadieu

L’Abbatiale d’Ambronay accueille aujourd’hui le très expert Concerto Italianopour un programme consacré aux vastes Vêpres solennelles pour l’Assomption de la Vierge de Vivaldi, vraisemblablement chantées au couvent San Lorenzo de Venise, reconstituées par Frédéric Delaméa et Rinaldo Alessandrini qui en dirige ici l’audition. L’enchaînement d’hymnes et de psaumes occasionne un office d’une durée imposante, malgré tout réduit ce soir aux seules parties chantées, voulant bien oublier qu’alors des concertistrictement instrumentaux (séquentiels, pour ainsi dire) venaient ponctuer leur succession. Au concert, cette omission paraît salutaire, à moins d’assumer des proportions auxquelles nos facultés de concentration ne sont plus coutumières – aérées de deux entractes, par exemple. Le dispositif de cette exécution utilise deux chœurs et deux orchestres, ce qui offrae des possibilités fort intéressantes.

Dès l’Ascende Laeta, on apprécie la chaleur due timbre du soprano Roberta Invernizzi, la précision d’un chant généreux, volontairement retenu pour commencer ces Vêpres pourtant guère religieuses. L’orchestre épilogue son Te vulnerare non audet spina dans une nuance immensément tendre. Dans le Largo du Dixit Dominus, la chanteuse fait montre d’une profonde expressivité, quelque peu contrecarrée dès l’intervention de Gemma Bertagnolli, plus superficielle. Cette dernière ne tient pas autant compte du prétexte sacré que de l’écriture lyrique, et s’en tient assez malheureusement à une théâtralité bientôt irritante durant toute l’œuvre. Avec un timbre souvent aigre, un vibrato un peu forcé, des aigus agressifs, des nuances maniérées et souvent détimbrées, son chant se révèle moins heureux qu’on l’espérerait.

En revanche, Sonia Prina, immensément vocale, livre un Nisi Dominus saisissant. Avec une émission parfaite, une ligne de chant rendue naturelle, un organe d’une souplesse flatteuse au timbre richement coloré, elle signe une interprétation d’une grande présence, parvenant cet exploit de faire cesser immédiatement les inévitables grincements de chaussures, bruits de gorge, toux et chuchotements du public, soudain absorbé dans une écoute active. Félicitons les artistes des chœurs qui donnent un relief musclé à ces Vêpres qu’avec les trois voix solistes ils concluent par un élégant Magnificat. Bravo au maître de la soirée, Rinaldo Alessandrini.

BB