Chroniques

par gérard corneloup

autour de Juditha triomphans
Delphine Galou, Les Talens Lyriques et Christophe Rousset

Festival de La Chaise-Dieu / Abbatiale
- 25 août 2014
Delphine Galou est Judith dans le programme Juditha triomphans de La Chaise-Dieu
© virginie giraud

Pour certaines des multiples versions de la Bible, le roi de Babylone Nabuchodonosor envoya guerroyer son féroce général Holopherne en terre juive. Dans une ville assiégée par ces envahisseurs, une riche et belle veuve réussit à séduire le chef militaire, s’isole avec lui et lui tranche la tête, sauvant ainsi la cité. Le moins qu’on puisse dire est que l’épisode a fasciné des générations d’artistes, des peintres aux sculpteurs, des écrivains aux compositeurs. Dans ce domaine, le monde baroque a beaucoup donné, à travers plusieurs opéras, oratorios et actions sacrées dont une partie garde encore sa place au sein du répertoire. Réunir au concert quelques pages fortes ou considérées comme telles s‘avère donc une initiative remarquable, associant musiciens et choristes autour d’une seule voix soliste – en l’occurrence une voix féminine de contralto, alors qu’à l’époque les hommes se chargeaient de ce registre.

Deux tiers de siècle sont parcourus, ouverts avec la fameuse Juditha triumphans d’Antonio Vivaldi, remontant à 1716, pour se conclure avec La Betulia liberata complètement oubliée de Domenico Cimarosa (1782), avec escales sur les partitions guère plus connues d’Anfossi, Gassmann, Cafaro et Jommelli, sans oublier une autre et plus connue Béthulie libérée de 1771, sur un texte de Métastase mis en musique à Padoue par un tout jeune compositeur nommé Wolfgang Amadeus Mozart.

Une telle exploration ne peut que révéler des richesses, et c’est bien le cas sous les voûtes. Parto inerme e non pavento, l’aria mozartienne, ne manque pas d’allure et se trouve plutôt bien défendue par le chant expressif de Delphine Galou, un chant pourtant gêné maintes fois par une certaine dureté dans les aigus et d’indiscrets passages de registres. Attentive, mais manquant d’allant et de conviction, la direction précise mais sans magnétisme de Christophe Rousset est le principal point faible de la soirée. Sans doute pourrait-il tirer de plus belles sonorités et une cohésion supérieure des divers pupitres de ses Talens Lyriques. Tout est au point, mais l’émotion n’est pas toujours là.

GC