Chroniques

par bertrand bolognesi

Beethoven par Pinchas Zukerman
Royal Philharmonic Orchestra

Septembre musical / Auditorium Stravinsky, Montreux
- 4 septembre 2007
Pinchas Zukerman ou Beethoven en Chantilly et coulis chocolaté...
© yunus durukan

Avant Vérone, Pise ou Dubrovnik, la tournée européenne du Royal Philharmonic Orchestra visite le Léman au Septembre musical de Montreux. Au programme de ce soir : Beethoven, exclusivement. Avouons-le d’emblée, un Beethoven qui n’enthousiasme guère…

Virtuose reconnu de tous, Pinchas Zukerman dirige de l’archet les musiciens britanniques dans une version plutôt décousue du Concerto en ré majeur pour violon Op.61. Si le choix d’une sonorité soyeuse et épaisse suscite d’abord l’intérêt, l’extrême souplesse du mouvement, sa suavité qui va jusqu’à s’alanguir parfois dans une mollesse flottante, finissent par engluer l’écoute. L’Allegro ma non troppo manque de rigueur, en dépit d’un verni solistique évident. L’opulence du violon, superbe, s’impose dans l’immobile asphyxie d’une pâte orchestrale alourdie, tant en volume qu’en tempo.

Fort heureusement, la cadence ne se fixe pas dans cette Chantilly, se faisant au contraire virevoltante, joueuse et légère. En revanche, le Larghetto se mue en Largo, en un geste pachydermique. Les parties solistes demeurent isolément assez plastiques, mais l’absence d’une vue d’ensemble déconstruit le mouvement. Enfin, un Rondo insipide signe ce triste sirop.

Libéré du discours musical à émettre par soi-même, Zukerman se concentre pleinement sur la direction de la Symphonie en la majeur Op.92 n°7. Malgré cette bonne volonté, l’option générale ne témoigne pas d’un goût très recommandable, se contentant de hurler le premier mouvement en soulignant chaque effet. L’illustre Allemand était sourd, dit-on, certes – mais nous, non ! L’Allegretto se débraille, le final Allegro con brio perd la moitié de ce qui est écrit, sans différencier les plans, les entrelacs, niant la profondeur en un bloc écrasant ; bref : seul le Presto tâche de nuancer un brin.

En bis, après un bref moment de mauvais théâtre (embryon de la Valse de Brahms cabotinée au violon seul), une Ouverture des Nozze di Figaro élégante comme une croûte de fromage à la saucisse de veau.

BB