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Chroniques
Centenaire de György Ligeti par les musiciens de l’ONF
Épisode 2 : Síppal, dobbal, nádihegedűvel (2000)
Après un premier rendez-vous de belle tenue où nous entendions Ricercare (1953), Atmosphère (1961)et Lontano (1967), les musiciens de l’Orchestre national de France poursuivent ce matin le cycle dédié à György Ligeti à l’occasion du centième anniversaire de sa naissance. De même que François-Xavier Roth dirigeait Le mandarin merveilleux ce jeudi [lire notre chronique du 23 novembre 2023], ce nouveau rendez-vous confronte la musique de Ligeti à celle de son grand aîné, à la faveur de la proximité des instrumentarium.
Pour commencer, une page de 2000 conçue pour mezzo-soprano et percussions sur des poèmes de Sándor Weöres, et créée à l’Arsenal de Metz le 10 novembre de la même année, par l’excellente Katalin Károlyi et l’Amadinda Percussion Ensemble [une vidéo tournée au MUPA de Budapest par ces mêmes interprètes est disponible sur YouTube].
Il revient aujourd’hui aux percussionnistes Emmanuel Curt, François Desforges, Florent Jodelet et Gilles Rancitelli de faire sonner les sept mélodies du cycle extrêmement contrasté Síppal, dobbal, nádihegedűvel, quand le mezzo-soprano Lucile Richardot s’attelle au chant, avec une souplesse confondante qui se joue de chaque obstacle. On gardera un souvenir ému de la cinquième, Alma álma, rêve de pomme d’un désespoir immense. En bis (dans le vrai sens du terme, ici), les artistes redonnent le bondissant Szajkó (Perruches), très applaudi.
Après que la chanteuse – pour laquelle cette semaine sera particulièrement chargée, comme nous le verrons plus tard – a quitté le plateau, les pianistes Simon Zaoui et Théo Fouchenneret rejoignent deux de nos percussionnistes pour l’exécution de la trop rare et spectaculaire Sonate pour deux pianos et percussions que Béla Bartók composa durant l’été 1937. Dans un secret jalousement préservé survient le vrombissement liminaire du premier mouvement, Assai lento puis Allegro molto dont la tonicité n’entrave jamais une inflexion plus poétique, en quasi musique nocturne, parfois. La subtilité de l’approche le dispute à sa bravoure – ne l’oublions pas, ce répertoire n’a rien de facile. Après un Lento ma non troppo de toute beauté, presque cantabile, c’est un troisième épisode d’une robustesse paradoxalement gracile qui surgit, pour finir. Cette heure hongroise finit bien trop vite, on en redemande ! Il faudra venir mardi et samedi écouter d’autres opus de Ligeti.
BB