Chroniques

par gérard corneloup

David DQ Lee chante Vivaldi
Matheus et Jean-Christophe Spinosi

Nuits musicales d’Uzès / Cour d’honneur, Château ducal
- 15 juillet 2012
David DQ Lee, contre-ténor canadien d'origine coréenne, chante Vivaldi
© dr

Le plus souvent donnés en plein air – ici la cour d’honneur du Château ducal d’Uzès –, les festivals d’été ont un terrible ennemi, capricieux au possible, qui aime à venir brasser les cartes au grand dam des directeurs, des artistes… et du public : les conditions atmosphériques, qui vont de la simple brise badine aux rafales éoliennes, avec ou sans pluie. Le premier des deux concerts destinés à présenter de grands airs d’opéras baroques, de leur temps défendus par des castrats, le montre avec férocité et ténacité. La tramontane souffle d’importance, ce soir, mais n’explique et n’excuse pas tout. Nous y reviendrons…

Il appartient au tout jeune contre-ténor David DQ Lee, récemment salué à Innsbruck [lire notre chronique du 10 août 2011], de monter sur scène pour défendre trois arie puisées dans l’inépuisable production lyriques de Vivaldi à travers deux opéras : le fameux Orlando furioso et l’oublié Tieteberga, ouvrage créé à Venise en 1717, avec la cantate Cessate, omai cessate RV684 en conclusion. L’artiste canadien d’origine coréenne y déploie un chant expressif à souhait, peut-être encore un peu vert dans l’évolution et l’enchaînement des vocalises, mais plein de ressources comme dans les redoutables explosions pyrotechniques accumulées dans la cantate. Il mériterait un accompagnement directionnel et instrumental d’une plus grande homogénéité, d’une plus grande attention, d’un suivi plus marqué que celui développé par les musiciens de l’Ensemble Matheus, sous la direction à éclipses autant que sémaphorique de Jean-Christophe Spinosi.

L’obligation de s’affairer sur des pinces à linge, afin d’éviter aux partitions de s’envoler, peut certes mobiliser les troupes. Mais la claveciniste qui rigole côté cour, un violoniste qui papote côté jardin, une basse qui fait force commentaires – j’en passe et des meilleures (comme les fils électriques qui traînent sur scène…) –, tout cela fait beaucoup. De plus, le fait que le (bondissant) chef d’équipe se partage entre la direction d’orchestre et l’exécution, épisodique, d’une partie de violon solo dans un concerto de Bach n’est fait pour arranger les choses. Et là, il est bien difficile de mettre le fils de Poséidon dans le coup !

GC