Chroniques

par gérard corneloup

Der fliegende Holländer | Le vaisseau fantôme
opéra de Richard Wagner

Opéra-Théâtre de Saint-Étienne
- 21 juin 2009
reprise à St-Étienne du Vaisseau fantôme (Wagner) de Bordeaux, signé Zambello
© jérôme kerling

Un mouvement de grève parmi « certaines parties du personnel », selon la formule consacrée ; un nombre de répétitions diminué d'autant ; l'ambiance délétère qui suit inévitablement le brusque départ d'un directeur général comme ce fut le cas à l'Opéra-Théâtre de Saint-Étienne… le moins que l'on puisse dire est que le chef d'orchestre Laurent Campellone n'a pu travailler dans la sérénité, le calme et la durée nécessaires l'élaboration et la mise en place du Vaisseau fantôme de Wagner, production bordelaise (créée 1998, reprise en 2002) invitée dans la cité stéphanoise.

Cela rend encore plus vives les qualités musicales de ce spectacle, à commencer par les belles et foisonnantes sonorités que développe l'Orchestre Symphonique de Saint-Étienne, a priori peu familier de ce répertoire, mais stimulé, happé, façonné par la direction enthousiaste et mobilisatrice de son maestro. Particulièrement homogène, habilement constituée, la distribution associe avec bonheur Cécile Perrin (Senta), Vincent Le Texier (le Hollandais), Gilles Ragon (Erik), Anne Salvan (Marie) et Jean-Noël Briend (le pilote), et surtout l’avantageux Daland, musical à souhait, qu’interprète Éric Martin-Bonnet. À ce tour de force ajoutons la prestation du Chœur maison renforcé par celui de l'Opéra national de Bordeaux.

De surcroît, la mise en scène conçue par Francesca Zambello (ici réalisée par Clovis Bonnaud) sollicite beaucoup et fort bien la masse chorale et pas seulement dans la fameuse scène de réjouissance populaire, morceau de bravoure en la matière, qui ouvre le troisième acte. Un travail dépouillé autant qu'efficace, jouant volontiers sur les lignes horizontales et verticales, l'ombre et la lumière, mais aussi le mouvement des corps, dûment chorégraphié, en appelant pour l'occasion à l'art difficile mais bien maîtrisé des acrobates. Seule la scène finale, un rien laborieuse, reste en-deçà des beautés plastiques du spectacle.

GC