Chroniques

par david verdier

Diana Damrau, soprano
Xavier de Maistre, harpe

Opéra national de Paris / Palais Garnier
- 22 juin 2013
Liederabend harpistique du soprano Diana Damrau au Palais Garnier (Paris)
© michael tammaro

Le Palais Garnier prend des airs de salon romantique pour accueillir le soprano Diana Damrau et le harpiste Xavier De Maistre. Ce récital fleure bon les gravures de Gavarni, les bandeaux lissés, les robes bouffantes, un harpiste bon teint et gendre idéal – un côté kitsch petite princesse sortie d'un film de Demy… Le piano brille par son absence mais se rappelle fréquemment à notre souvenir, malgré les qualités de Xavier de Maistre à l'imiter à la perfection.

Il faut quelques Lieder pour que la pâle et délicate aquarelle vocale se déploie, un peu froide et corsetée dans des Schubert où les cordes pincées peinent à faire oublier les cordes frappées. Sans jamais minauder, Diana Damrau sait moduler une voix saine et claire dans une exquise et secrète dimension. Le volume de Du bist die Ruh est très surprenant. Projeté à fleur de lèvres, sans forcément chercher à « passer » le parterre pour se rendre audible jusque dans les loges. Tandis que les rêves sensuels de Gretchen am Spinnrade éclatent en soupirs et suffocations, la voix s'affermit, bien soutenue en cela par un instrument soudain moins ténu. Le timbre cristallin de Diana Damrau est en revanche idéal dans le bouquet de Lieder de Richard Strauss dont les transcriptions pour harpe sonnent d'emblée plus commodes. Remarquables également, Nichts et Ständchen trouvent dans la harpe de Xavier de Maistre un écrin subtil.

La série de mélodies françaises de la seconde partie donne l'occasion d'entendre à quel point la chanteuse maîtrise les difficiles liaisons et phonèmes de notre langue. A-t-on récemment entendu plus belle Heure exquise ? Cette célébrissime mélodie de Reynaldo Hahn est chuchotée aux confins du silence, contraignant le public à retenir son souffle pour ne pas en briser le fragile équilibre. En passant par la Chanson triste et Invitation au voyage d'Henri Duparc, jamais la tension ne retombe et le numéro d'équilibriste est couronné de succès.

Dans le bis (inévitable, semble-t-il), Morgen, Damrau ne tombe pas dans le piège de trop miser sur le contrôle de la ligne et la régularité du souffle. Les variations de couleurs qu'elle infuse dans les méandres compensent largement les mièvreries compassées du poème de John Henry Mackay.

DV