Chroniques

par bertrand bolognesi

Die sieben Todsünden | Les sept péchés capitaux
Mahagonny Songspiel | Le petit Mahagonny

ballet et cantate de Kurt Weill
Théâtre des Champs-Élysées, Paris
- 14 septembre 2009
Die sieben Todsünden et Mahagonny Songspiel de Kurt Weill
© álvaro yañez

Au printemps dernier, notre compte-rendu d’une exécution en concert de L’opéra de quat’ sous [lire notre chronique du 14 juin 2009] annonçait une rentrée parisienne Brecht-Weill, puisque deux maisons lutéciennes s’apprêtaient à faire leur une de septembre avec Die sieben Todsünden et Die Dreigroschenoper... tandis qu’ailleurs l’on préfère caresser les lavandes.

Aussi la déception est-elle grande de découvrir, avenue Montaigne, le spectacle concocté par Juliette Deschamps. Que la mise en scène consiste en une sommaire mise en place régie par de grosses ficelles molles est une certitude qui s’impose dès Mahagonny Songspiel, l’ancêtre de Aufstieg und Fall der Stadt Mahagonny, cantate donnée en prologue du ballet plus connu. Infiltrée de références dénuées de véritable assise dramaturgique, cette conception accuse une criante absence de personnalité qui laisse pantois. Ici, l’on ne raconte rien, ou presque, s’en tenant à des illustrations vaguement esthétiques d’une futilité désolante. De fait se prend-on à remercier l’âme humaine de n’avoir développé que sept péchés capitaux, tant l’œuvre se traîne tout au long d’une réalisation à la fois scolaire et prétentieuse qui prend l’eau. La proposition vidéastique n’est qu’un accompagnement anecdotique qui se contente de redondances littérales, si bien qu’entre l’inertie du plateau et la platitude de l’écran, nul n’accordera une seconde d’attention au destin des deux Anna, ne serait-ce que pour en goûter plus certainement la fable.

Fort heureusement, le plateau vocal s’avère irréprochable, avec principalement un quatuor masculin particulièrement efficace – Simeon Esper, Yves Saelens, Holger Falk et Graeme Broadbent. On apprécie également la prestation de Catherine Hunold qui donne une Bessie chaleureuse et souplement phrasé (O Moon of Alabama de rêve) et l’impact avantageux de Cécile Ducrocq (Anna II). S’il est toujours une joie de retrouver Angelica Kirchschlager, il faut avouer qu’elle ne convainc guère en Jessie à laquelle elle prête un grave assez exsangue qui n’a d’égal inversé que la salutaire lumière du haut-médium. En fin de compte, c’est en Anna I qu’elle fait florès, la voix se révélant parfaitement à son aise dans cette partie-là.

Encore faudrait-il vous parler de la direction d’orchestre, parait-il…
La convention le veut. Et vous, le voulez-vous vraiment ? Qu’on nous permette de féliciter l’excellent Ensemble Modern d’être parvenu, malgré le peu de discernement d’un chef inepte (saviez-vous que Weill pouvait sonner son Poulenc ?), à ne pas livrer pis encore que ce que l’on dû subir.

BB