Recherche
Chroniques
Dvořák, Mozart et Strauss
Orchestre national de Lyon dirigé par Osmo Vänska
Pour mettre en valeur, ensemble ou tour à tour, les divers pupitres d’un grand orchestre philharmonique, rien de tel que d’ouvrir le concert avec Don Juan de Richard Strauss. Œuvre d’un jeune compositeur de vingt-quatre ans, ce poème symphonique, narrant à sa façon les aventures galantes de l’aventureux séducteur jusqu’à sa fin tragique, joue sur les contrastes, sur l’éclat des cuivres comme sur les sonorités contrastées voire ironiques des bois, sur le moelleux volontiers charmeur des cordes comme sur leur répétitions obsessionnelles, sur la puissance tourmentée des quatre cors à l’unisson.
De cette bourrasque sonore, l’Orchestre national de Lyon, décidément toujours en grande forme, sort indemne, convainquant, bref vainqueur, littéralement « pris en mains » par la direction aussi motivante que motivée du chef finlandais Osmo Vänska, invité (sauf erreur) pour la première fois in loco et très à l’aise dans ce répertoire. Il sait également fort bien changer d’univers, d’orchestration, de constructions sonores, en allégeant et lovant sa direction dans le plus léger des mondes mozartien ; en l’occurrence leConcerto pour flûte en sol majeur K.313, en compagnie d’un jeune soliste, d’ailleurs sorti du CNSM de la ville avec un premier prix et la mention très bien à l’unanimité : Jocelyn Aubrun. Une véritable complicité musicale s’établit entre le chef et le soliste ; ce dernier dispense l’énergie nécessaire dans l’Allegro maestoso d’ouverture, détaille avec finesse et charme l’Adagio qui suit et fait merveilleusement chanter son instrument dans le Rondo final.
Retour à la case départ, en quelque sorte, et direction toujours autant en situation, aussi vivante, frémissante et colorée, avec la Symphonie en mi mineur Op.95 n°9 d’Antonín Dvořák. Après une frémissante introduction Adagio, Osmo Vänska prend à bras le corps l’Allegro molto d’abord développé, détaille un délicat et rêveur Largo, insuffle une vie frémissante au Scherzo et fait parfaitement rugir les instruments dans l’Allegro con fuoco final, cet éclat du Nouveau Monde qui prend ici toutes ses dimensions, sans perdre en rien ses qualités.
GC