Chroniques

par irma foletti

Ensemble Jacques Moderne, Joël Suhubiette
Johann Sebastian Bach et Domenico Scarlatti

Concerts d’automne / Église Saint-Julien, Tours
- 17 octobre 2020
 Joël Suhubiette dirige l'Ensemble Jacques Moderne aux "Concerts d’automne"
© remi angeli

Groupe vocal et instrumental basé à Tours, l’Ensemble Jacques Moderne est dirigé depuis plus de vingt ans par Joël Suhubiette. C’est celui-ci, qui mène par ailleurs le chœur toulousain Les Éléments, qui est aux commandes du concert de la soirée, soit trois musiciens au centre – Emmanuel Mandrin (orgue), Hendrike ter Brugge (violoncelle) et Massimo Moscardo (théorbe) – et dix choristes qui les entourent, placés en demi-cercle.

Dans le premier motet Jesu, meine Freude BWV 227 de Johann Sebastian Bach, les effets de spatialisation du son saisissent immédiatement l’auditeur. Les pupitres (soprani, alti, ténors et basses) sont regroupés par paire côte à côte et se renvoient certaines phrases, échangent quelques notes, se répondent, partent en canon, ou bien ont en commun certaines mesures… La qualité individuelle des chanteurs (en particulier ténors et basses) ne séduit pas immédiatement l’oreille du point de vue de la couleur vocale, mais le fondu de l’ensemble est d’une grande beauté dans un morceau parfois a cappella et, le plus souvent, accompagné d’un équivalent de continuo des trois instruments.

La disposition des choristes est modifiée dans le motet Komm, Jesu, komm BWV 229 du même Bach, deux soprani se retirent et chacun des quatre pupitres est coupé en deux, un choriste à gauche de l’arc de cercle et l’autre à droite, lui faisant face. L’ensemble est excellemment coordonné. Les chanteurs s’écoutent mutuellement et sont visiblement bien habitués à se produire à l’intérieur d’une église dans cette configuration. Chaque voix est sereinement timbrée, s’exprime avec générosité et paraît très aguerrie techniquement, y compris sur les multiples traits d’agilité.

Après une courte pause d’une dizaine de minutes, c’est au tour de Domenico Scarlatti et son Te Deum, une pièce brève avant le Stabat Mater, plus étendu. On dépasse alors l’équivalent du continuo précédent, les trois instrumentistes donnant une somptueuse interprétation de la partition. Les dix choristes sont à nouveau coupés en deux, de part et d’autre et par pupitre, de sorte que les nombreux effets de dialogues ou de départs en décalage soient à nouveau frappants. Les passages aux vocalises les plus fleuries sont exécutés avec abattage et une souplesse vocale jamais prise en défaut. À l’issue d’un concert plutôt court mais fort dense, l’Amen conclusif du Stabat Mater est redonné en bis.

IF