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Chroniques
ersatZtrip
chorégraphie de Christian Ubl
Démarrée le 22 janvier dernier, et en collaboration avec d'autres lieux d'Île-de France, la 9ème édition du festival Artdanthé propose cartes blanches, résidences et mini-thèmes autour d'une quarantaine de spectacles. En parallèle d'un cycle canadien de plusieurs semaines, quelques jours d'une plateforme de jeunes chorégraphes franco-allemands nous offrent une rencontre avec le travail de Christian Ubl. Né en 1972, ce Viennois de naissance aborde la danse à travers un parcours éclectique (patinage artistique, danses latinos sportives, etc.). Interprète pour Dominique Bagouet, Michel Keleminis ou Christiane Blaise, il crée avec Caroline Blanc – également sur scène ce soir – le projet CUBe. C'est dans ce cadre que la pièce de groupe ersatZtrip voit le jour en 2005-2006, réflexion sur l'esthétique plastique et énergétique.
« Il y a quatre corps danseurs et trois corps non-danseurs. Il n'y a pas de hiérarchie entre les corps, ni de jugement ou d'interrogation sur leur présence. Il s'agit de regrouper des corps différents, de les mêler ponctuellement pour y trouver des espaces libres. Souvent, les corps héroïques surgissent de corps abstraits et flous, de corps sans visage mais forts en expression et densité. Un désir, une extase, une pensée, une action, une présence : un ersatz ! ».
Un grand garçon s'amuse avec un super-héros en plastique. Sur le mur du fond, les phrases lumineuses qui accompagnaient l'installation des spectateurs – Il faut pas que tu t'abimes, Tu as intérêt à assurer, Je veux être fier de toi – laissent place à des adresses au jouet préféré : « Tu es le plus grand, tu es le plus fort, tu es le plus musclé ». Deux danseuses et deux danseurs (en pantalon et chemise) prennent part au jeu, puis se transforment en entités inquiétantes : sur une musique synthétique (univers robotique puis alarme d'un état d'urgence), mi animaux mi machines, ces êtres aux visages de gargouilles grimacent au ralenti, puis se concentrent sur un ballet de reptations réglé au cordeau.
L'épisode qui suit nous ramène au calme, sur fond de voix distordues, soit une procession d'objets déposés devant un squelette trônant sur une vitrine d'exposition, avec guirlandes et napperons dorés. Puis, c'est la frénésie dionysiaque, avec les corps s'ébrouant sur le remix latino d'un récent succès de Madonna. Fabrice Cattalano, compositeur d'une bande-son relativement minimaliste, empoigne alors le micro pour une chanson au refrain polémique – « Remplacer c'est tuer » –, rappelant le caractère original et unique de chacun. La dernière ligne droite voit le grand garçon revêtir la panoplie de Superman et les danseurs se glisser dans des costumes de broderies noires pour une suite de contacts apaisants, afin que chacun reprenne confiance en lui-même par cette douce intimité.
LB