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Chroniques
Frank Peter Zimmermann et Enrico Pace
Frank Peter Zimmermann et Enrico Paceentrent sur scène, captant immédiatement l'attention. En quelques secondes, on est envoûté par l'interprétation de la Sonate Op.105 n°1 de Robert Schumann. Tout y est : le jeu passionné dans l'Allegro, la retenue dans l'Allegretto qui suit et les glissendi « romantiques » mais jamais excessifs. Aucune fioriture dans le jeu du violoniste : la note est là, posée, sans manières. Les nuances sont travaillées à la perfection. On sent la volonté de trouver le ton juste. Il y a une fluidité, un naturel, au point qu'on a l'impression d'entendre l'histoire de l'œuvre.
Ensuite, changement radical d'esthétique et d'écriture avec la Sonate en mi majeur de Paul Hindemith, écrite en 1935. Deux mouvements, assez brefs et aux caractères bien différents. Le jeu est d'abord léger, puis les accentuations bien mises en valeur au piano comme au violon dans le second mouvement. Regards, écoute : il y a une complicité indéniable entre ces deux musiciens qui travaillent ensemble depuis près de quinze ans. Dans la Sonate en ut majeur de 1939, qui témoigne d'une grande maîtrise de l'art de la composition, on apprécie particulièrement l'intensité du dernier mouvement, rapide, sonore et bien mené.
Puis revient Schumann ; d'abord la Sonate Op.posth. n°3, longtemps méconnue et publiée cent ans après la mort du compositeur, en 1956. L'interprétation de l'Intermezzo fait parfaitement ressortir le dialogue entre les deux instruments et la ligne mélodique épurée. Par contraste, Zimmermann et son partenaire font sonner les accords du Finale, nettement enchaînés – accords qui rappellent quelques passages du Concerto pour violon du créateur. Dans la Sonate Op.121 n°2, plus connue, on est sensible aux pizzicati du mouvement lent, à la fois sonores et délicats. Le dernier mouvement révèle une fois de plus une maîtrise technique impeccable de la part de l’un comme de l’autre – Finale mouvementé, à la fois magistral et turbulent. Les gestes de Zimmermann sont précis, le dialogue avec le piano très clair.
Sans se faire prier, les deux musiciens finiront par un bis : le Scherzo de Johannes Brahms, extrait de la Sonate F.A.E. que le compositeur a écrite dans la maison de Schumann en 1853.
LD