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Chroniques
Gustav Mahler | Symphonie en ré majeur n°9
Staatskapelle Berlin, Daniel Barenboim
Salle évidement comble et hautement enthousiaste pour l’étape bruxelloise du périple de la Staatskapelle de Berlin, sous la direction de Daniel Barenboim. Parler de périple n’est pas un vain mot, car l’orchestre n’assurera pas moins de neuf concerts en dix jours, avec des symphonies de Gustav Mahler. Si les tournées font partie de la vie des musiciens professionnels, on peut tout de même se questionner sur la possibilité de « casser la baraque » chaque soir.
Le travail de Barenboim avec son orchestre est exceptionnel.
Le niveau technique est élevé, comme en témoignent les enregistrements des symphonies de Schumann et Beethoven. Cependant, force est de constater qu’au troisième jour de leur traversée de l’Europe, les instrumentistes ne s’affiche guère dans un bon soir : décalages, intonations hasardeuses et, même, « pain » spectaculaire, la trompette solo ratant passablement son entrée dans le troisième mouvement. Certains pupitres se mettent tout de même en valeur : la flûte solo et les cornistes, particulièrement chatoyants. La Staatskapelle, dont la moyenne d’âge s’affirme jeune et largement féminisé, possède une belle sonorité d’ensemble qui pourtant, du moins dans cette œuvre, s’avère très « internationale ».
En matière de Mahler, le bagage de Barenboim était des plus faibles, il n’y a pas si longtemps, à l’image d’une Cinquième enregistrée à Chicago (Teldec), aussi bruyante que pompeuse. Pourtant, le chef semble avoir mûri son propos ; une intégrale des symphonies est en cours pour le même label. Ici, la Symphonie en ré majeur n°9 frappe par la clarté des textures. Pas de métaphysique ni de froideur analytique, mais une musique lumineuse qui évolue avec fluidité. Prise dans des tempi assez rapides, cette exécution alterne tout de même des hauts et des bas.
Bien construit, l’Andante comodo progresse avec élan mais manque de profondeur et de tension. Le deuxième mouvement est emporté avec un esprit dansant par le chef qui se dissipe trop en vaine énergie. Le Rondo-Burleske commence assez mal, mais la baguette lui impose progressivement un climat, alors que le travail sur les dynamiques est intéressant. Bien que manquant un peu d’abandon, le long Adagio final est le meilleur moment du concert. L’expression des cordes s’avère fort belle, alors que le chef souligne de nombreux détails d’orchestration, en particulier dans les parties de vents.
En conclusion, Barenboim ne démérite pas. Sa vision de Mahler s’affirme digne d’écoute mais, quoiqu’intéressant dans ce répertoire (et c’est déjà beaucoup), il n’a pas encore l’étoffe d’un grand mahlérien.
PJT