Chroniques

par gérard corneloup

Hervé Niquet et Le Concert Spirituel
Pierre Hugard et Antonio Vivaldi

Festival de La Chaise Dieu / Basilique Saint-Julien, Brioude
- 22 août 2013

C’est une tradition bien ancrée en terre altiligérienne : dans un même concert, le Festival de la Chaise-Dieu aime à illustrer deux compositeurs quasiment contemporains ayant œuvré dans des sphères voisines, mais dont le nom comme l’œuvre ont été traités par la postérité de façons diamétralement différentes : la gloire universelle pour l’un, l’oubli quasiment complet pour l’autre. C’est le cas avec deux maîtres du baroque triomphant : l’illustrissime maestro Antonio Vivaldi d’un côté et un petit maître parisien de l’autre, le discret sieur Pierre Hugard ayant appartenu à la maîtrise de Notre-Dame (Paris). Du moins, pour cette retrouvaille d’un soir, les deux sont-ils servis de même façon : une acoustique des plus convenables et une interprétation des moins convaincantes, sous une direction précipitée, expédiée, atrophiée, bref calamiteuse, desservant l’un comme l’autre de ces musiciens… mais tout autant les interprètes du Concert Spirituel.

Il est inutile de revenir sur les beautés des psaumes Laetatus sum [122], In exitu Israel [113] et Lauda Jerusalem [147] mis en musique par Vivaldi. Pas plus que sur celles du Magnificat en sol mineur ou du sublime Gloria conçu pour les Ospedale. Mais on aimerait pouvoir découvrir, écouter, savourer pleinement la construction sonore, les magnitudes vocales et instrumentales entrevues dans la messe Laudate pueri Dominum d’Hugard, à savoir sous une direction pleine et entière (et non pas la seule férule expéditive d’aujourd’hui) d’un chef attentif, ne courant pas la poste, prenant le temps de mettre les choses en place, d’amalgamer des composantes, d’éviter les hachures sonores, les fins de phases happées voire inachevées, etc.

À un mélomane visiblement déçu mais conservant un féroce humour, le mot de la fin : « je ne savais pas que Vivaldi avait écrit des bourrées auvergnates ».

GC