Chroniques

par irma foletti

Insula Orchestra, Laurence Equilbey
Symphonie en ut majeur K.551 « Jupiter » de Mozart

Symphonie en ut majeur D.944 « die Große » de Schubert
Grand Théâtre de Provence / Aix-en-Provence
- 30 novembre 2017
Laurence Equilbey joue les ultimes symphonies de Mozart et Schubert
© dr

Cheffe de chœur et d’orchestre, Laurence Equilbey fait son retour au Grand Théâtre de Provence, après l’avoir fréquenté très régulièrement ces dernières années, invitée dès la première saison qui suivait l’ouverture de la salle. Toujours artiste associée au GTP, et dorénavant en résidence à La Seine Musicale avec la formation Insula Orchestra qu’elle a fondée en 2012 [lire notre chronique du 21 septembre 2017], elle propose un programme symphonique intitulé Les ultimes. Il s’agit plus précisément des deux dernières symphonies de Mozart et Schubert, respectivement la Jupiter et La Grande. Ce programme est donné en tournée : après Varsovie (23 novembre) et Katowice (le 26), Aix-en-Provence est donc une étape avant le concert final à Paris, le 8 décembre.

La mozartienne Symphonie en ut majeur K.551 (n°41) n’enchante pas vraiment : l’équilibre entre pupitres est respecté et l’on entend un orchestre techniquement au point, mais c’est surtout le manque de contrastes et un certain déficit d’enthousiasme qui font défaut. Si les deux premiers mouvements font bonne impression, un Allegro vivace classique et charmant, majestueux parfois, un Andante cantabile joué avec ampleur, du souffle et de l’énergie dans les montées chromatiques, le Menuetto qui suit semble en panne de ressort, sans rebonds ni joie, les musiciens gardant sur leur visage tout le sérieux qui convient au mouvement précédent (dont certaines mesures évoquent le Requiem). Le mouvement final se révèle plus ludique et joyeux dans le Molto allegro, avec ses entrées en canon et ses instants où l’on entend l’Ouverture des Nozze di Figaro. La pièce s’achève avec un peu plus de brillant, mais au bilan, les contrastes entre délicatesse des petites phrases et éclat des tutti n’y sont pas vraiment.

Cela est vrai également dans les deux premiers mouvements de la schubertienne Symphonie en ut majeur D.944 (n°9), avec quelques instruments qui sonnent techniquement de manière moins aguerrie que dans l’opus mozartien. Il en va ainsi du cor à l’entame, du hautbois qui paraît moins délié que la clarinette dans le deuxième mouvement, et de certains pupitres de cordes pas parfaitement ensemble à de brefs moments. Et puis tout change soudain avec les deux derniers mouvements, de très haute qualité. Le Scherzo (Allegro vivace) est formidable d’enthousiasme, très dansant, puis d’une légèreté appréciable. L’Allegro vivace final fait preuve aussi de vivacité, reliefs, contrastes, de belles nuances piano pour les soli des bois. L’orchestre paraît s’épanouir enfin pour un tourbillon final assez virevoltant.

Deux petits bis sont offerts en rappel : la sérénade Ständchen de Schubert « dans un arrangement d’Offenbach » – très belle clarinette, à nouveau, sur un tapis de pizzicati aux cordes –, puis une valse de Gounod, pour marquer bientôt « 2018, l’année Gounod » comme l’indique Laurence Equilbey.

IF