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Concert tonitruant et sans arêtes de l’Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par son chef titulaire, Myung-Whun Chung, autour de la thématique Jardins a la française. L'on ne sait trop de quels jardins il se sera agi, considérant l’absence de nuancier, mais ils n’étaient guère enchanteurs. Pourtant, le programme se prêtait à pareille rêverie, particulièrement les deux pages contemporaines données en première partie, œuvres à l’orchestration foisonnante.

La première de Pascal Dusapin, Reverso, sixième des sept Solos pour orchestre composé en 2005-2006 pour l’Orchestre Philharmonique de Berlin, mû par un climat somptueux, une écriture orchestrale opulente : sous la baguette de Chung, elle apparait longue et plane, presque atone, les séquences qui la constituent s’enchaînant sans saillies.

Mêmes impressions de lenteur et d’absence de reliefs avec les Métaboles qu’Henri Dutilleux - harcelé par les photographes amateurs à la fin de l'exécution de sa partition, assis a côté de son jeune confrère - composa en 1959 pour George Szell et l’Orchestre de Cleveland. Le tout s’ajoutant à des problèmes de rythmes et d’élasticité heureusement compensés par la virtuosité des solistes (successivement bois, cordes, percussion, cuivres) du Philharmonique.

En seconde partie, Maurice Ravel et le Tombeau de Couperin, ici vide de sens et de substance, mais qui permit aux mêmes solistes de briller, et les deux Suites archi rabâchées de Daphnis et Chloé, tout aussi creuses mais en outre singulièrement sèches et tonitruantes. Certes, le Chœur de Radio France était occupé la veille au soir au Théâtre des Champs-Elysées par Un Requiem allemand de Brahms avec l’Orchestre National de France [lire notre chronique de la veille], mais les voix de femmes chantant la seule voyelle A pourraient sans doute faire un effort pour qu’en lieu et place de ces suites le public ait droit au sublime ballet intégral qui ne dure tout compte fait qu’un peu moins d’une heure…

BS