Chroniques

par gérard corneloup

Jean-Louis Capezzali et Renaud Capuçon
Orchestre national de Lyon dirigé par Leonard Slatkin

Auditorium Maurice-Ravel, Lyon
- 19 décembre 2013
Renaud Capuçon joue le Concerto Op.61 n°3 de Saint-Saëns à Lyon
© paolo roversi

En compagnie de son frère Gautier, il vient de consacrer un disque à Camille Saint-Saëns (Erato). Renaud Capuçon retrouve justement l’Orchestre national Lyon avec l’une des partitions majeures du compositeur français, son Concerto pour violon en si mineur Op.61 n°3, en compagnie du chef Leonard Slatkin. Ce dernier ouvre le bal d’une programmation se voulant largement tournée vers le monde oriental, avec les rutilantes sonorités d’une partition fameuse et colorée, du même Camille, la Bacchanale extraite de l’opéra Samson et Dalila [lire notre chronique du 21 novembre 2012], qui n’en est vraiment pas la page la plus inspirée (il s’en faut de beaucoup). Avec une vigueur associée à beaucoup de chaleur et de précision habilement préparée, anticipée, le maestro nord-américain en donne une version colorée qui manque d’un peu de sensualité et regarde peut-être trop vers Hollywood. Du moins est-ce pour l’ONL l’occasion de montrer une nouvelle fois sa cohésion, son assurance, la musicalité de ses divers pupitres.

Ces critères trouvent parfaitement à s’épanouir dans le concerto où le violon rigoureux mais chantant, expressif et présent de Renaud Capuçon [photo], s’impose et fait merveille, du rigoureux mais subtil Allegro non troppo initial au finale tripartite merveilleusement changeant, en passant par un Andantino central finement ciselé. À deux reprise le regard musical se déplace ensuite vers la Chine. Ou plutôt vers deux Chine : celle que Claude Debussy imagina dans les Pagodes de ses Estampes, orchestrée à sa demande et avec bonheur par son collègue André Caplet, puis la Chine plus récente, authentique et vraie, livrée par Qigang Chen, un compositeur chinois d’aujourd’hui (né en 1951) installé en France où il fut pour un temps l’élève d’Olivier Messiaen.

Son Extase est écrite pour hautbois et orchestre, avec de belles sonorités tour à tour rayonnantes et voilées. Bien que peut-être un peu trop répétitive, cette page de 2005 trouve dans le hautboïste Jean-Louis Capezzali un interprète de grand choix, à la musicalité riche et féconde prenant appui sur une technique solidement maîtrisée, se jouant avec brio des audaces déclinées à satiété par la partie soliste, en parfaite communion avec la phalange lyonnaise. Celle-ci rayonne encore dans la conclusion peu exotique de la soirée : La valse de Ravel, un « grand classique » à l’écriture éclatante, jubilatoire, que le chef dessine bien, non sans quelque ironie, quelque brefs et discrets abandons, voire élans finement lascifs.

GC