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Chroniques
l’adieu de Kwame Ryan à l’Orchestre Français des Jeunes
Le rendez-vous de décembre, Salle Pleyel, de l’Orchestre Français des Jeunes (OFJ) a été le cadre du concert d’adieu au terme de sa seconde saison de Kwame Ryan comme directeur musical, fonction qu’il assura pendant deux ans. Avec lui, autant qu’avec ses prédécesseurs Marek Janowski, Jésus Lopez Cobos et Emmanuel Krivine, le chef canadien, disciple de Péter Eötvös et actuel directeur musical de l’Orchestre national de Bordeaux-Aquitaine, cet orchestre-école sonne fier et sûr, à l’instar des meilleures phalanges constituées de musiciens professionnels.
Bel ensemble, en effet, que tous ces jeunes gens venus des conservatoires des régions et des deux Conservatoires Nationaux Supérieurs de Musique et de Danse, jouant avec enthousiasme, discipline, fraîcheur et une homogénéité extraordinaire lorsqu’on sait qu’il se réunissent par sessions de moins d’un mois. Du premier rang du premier balcon de la Salle Pleyel, les tutti sont toujours agressifs, quel que soit l’orchestre, même les meilleurs, mais l’on y peut goûter à satiété la qualité des solistes, en premier lieu un remarquable cor solo, Bertrand Chatenet, élève de la Hochschule de Stuttgart, brillant dans toutes les partitions, et le basson solo, Mylène Poulard, étudiante au CNSM de Paris.
Ouverte sur un Furioso (1947) de Rolf Liebermann (1910-1999), tonitruant et sans réel intérêt, choisi sans doute par le président de l’orchestre, Hugues R. Gall, ancien collaborateur de Liebermann quand ce dernier dirigeait l’Opéra de Paris (1973-1980), la première partie était constituée de pages un rien démonstratives, trop fréquentées comme la Rapsodie espagnole de Maurice Ravel, voire frustrantes avec la seule Suite de 1919 de L’Oiseau de feu d’Igor Stravinski que l'on eut préféré complet dans sa version de 1910.
En seconde partie, le seul mais immense et sublime Concerto pour violoncelle et orchestre en si mineur op.104 (1894-1895) d’Antonín Dvořák, avec un Henri Demarquette en très grande forme, jouant un violoncelle singulièrement humain, chantant d’une voix somptueuse, avec un style nuancé et simple, en totale osmose avec les magnifiques solistes de l’orchestre - Anaïs Audigier, clarinette, Mathilde Groffier, flûte, Rémi Grouille, hautbois, Jean-Pierre Morel, premier violon. En bis, Demarquette a donné une courte et aimable page de Pablo Casals. Kwame Ryan est un chef de très grande classe, ce que l’OGJ a célébré en lui réservant une ovation chaleureuse, en présence du ministre de la Culture venu lui remettre quelque insigne des Arts et Lettres, de Hugues R. Gall, de l’ancien ministre Jacques Toubon et du directeur de la Création au ministère, Georges F. Hirsch. Le successeur annoncé de Kwame Ryan est Dennis Russell Davies, à qui Ryan avait succédé au même poste.
BS