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Une joyeuse et pittoresque armada d’aimables rainettes gambadant autour du gamin aux prises avec ses sortilèges, qui plus est excellemment défendue vocalement par les jeunes voix de la Maîtrise maison, sans doute est-ce le souvenir visuel que conservera, imprimé sur sa rétine, le spectateur de cette soirée « bipolaire » autant que lyrique offerte par la scène lyonnaise.

Les costumes d’Anna Nykowska Duszynska sont un régal pour l’œil. Cela dit, l’arbre de saurait cacher la forêt. Le choix fait par la décoratrice Magda Maciejewska, l’éclairagiste Jacqueline Sobiszewski et (l’inévitable) vidéaste de service Bartek Macias, coordonné tant bien que mal par le metteur en scène Grzegorz Jarzyna, donne dans le cliché habituel – du coup pas vraiment original – de la représentation théâtrale filmée. C’est quasiment devenu une mode… encore convient-il de la maîtriser sinon parfaitement, du moins habilement, au risque de sombrer dans la pagaille audio-visuelle ! C’est – hélas ! – le cas ici, aux deux niveaux : celui de la scène où s’agitent les habituels objets parlants et chantant merveilleusement imaginés par Colette et Ravel, celui des coulisses, encombrant le proscenium, où s’agitent les pseudo-techniciens. Sans parler d’un troisième, supérieur (du moins géographiquement), où l’on a droit à la retransmission télé, conduite sans rime ni raison.

Est-il bon de préciser que l’infortuné spectateur ne sait plus trop où donner de la tête et de l’oreille ? Encore que du côté de cette dernière, les très jeunes voix du Nouveau Studio de l’Opéra de Lyon, visiblement pas toujours maîtrisées ou maîtrisables, il faut souvent tendre l’organe auditif pour arracher une parcelle de « vocabilité ». À commencer par l’émission dure et tendue d’un Enfant (Pauline Sikirdji) dénué du plus élémentaire charme vocal. Reste, évidemment, la superbe prestation des chœurs, point pris au dépourvu scéniquement (ils en ont vu d’autres !), remarquables d’homogénéité, pétris à la perfection par le travail de leur chef Alan Woodbidge. Reste la superbe Maîtrise, impeccablement préparée par Karine Locatelli. Reste la superbe partie instrumentale, frémissante de vie, fusant à chaque pupitre de belles sonorités, sous la direction de Martyn Brabbins. Ils sauvent l’ami Maurice du naufrage !

Dans ce dyptique, l’ami Alexander, est mieux servi.
Son Nain n’est quasiment jamais représenté et le découvrir s’avère un réel plaisir (même si la concision n’est pas sa qualité première). Un conte d’Oscar Wilde, sur la dure réalité des choses et les difficultés rencontrées par l’homme face au regard de la société, a inspiré au compositeur autrichien, lui-même peu gâté par Dame nature, une partition d’une belle eau, d’une pudique intensité, d’une subtile musicalité. Quoique jamais encombrants, Wagner et Brahms ne sont pas loin.

Peut-être essoufflés par leur prestation précédente, les scénographes de cette coproduction avec la Bayerische Staatsoper (Munich) se sont faits plus discrets, donc plus crédibles. Même les encombrantes voitures américaines ont leur rôle dans le monde complètement déjanté d’une cour d’Espagne soumise à un protocole « ridiculeusement » réglementaire, face aux caprices d’une gamine insupportable, Infante qui considère l’être humain offert en cadeau d’anniversaire comme un jouet parmi tant d’autres, à jeter en fin de jeu.

Autre atout : la meilleure qualité globale de la distribution.
Même si, dans le rôle éponyme, l’émission de Robert Wörle n’est pas d’une homogénéité de rêve, pas plus que celle de Lisa Karen Houden dans celui de la suivante, adjudant-chef. Belle prestation, en revanche, du jeune soprano Karen Vourc’h dans le personnage de l’Infante Donna Clara. Enfin, les délices des chœurs, de l’orchestre et de la direction musicale (nous n’y reviendrons pas).

GC