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Chroniques
l’ensemble Vortex créé des œuvres de
Zlatko Baracksai, Nikolaï Mihaïlov et Benoît Moreau
Vortex investit la grande salle pour un concert réunissant cinq jeunes compositeurs (entre vingt-quatre et trente-trois ans). La mission que semble s’être donnée cet ensemble serait de jouer la musique d’aujourd’hui dans ses plus récentes réalisations et expérimentations, s’exprimant tant à travers les usages acoustiques que par l’électronique, la mixité des sources sonores, suivant des conceptions « traditionnellement » écrites ou non, voire des expressions improvisées. Principalement animé par le compositeur et guitariste salvadorien Francisco Huguet (né en 1976), Vortex ouvre sa programmation à de nouveaux créateurs dont beaucoup sont issus des classes de composition du Conservatoire de Genève.
Ce rendez-vous présente deux œuvres conçues pour bande magnétique : Table et Flash-back. La première fut écrite il y a deux ans par le bosniaque Zlatko Baracksai (né en 1982) et utilise la synthèse en temps réel programmée par le langage SuperCollider dont la souplesse s’avère précieuse. La seconde fut réalisée cette année par le bulgare Nikolaï Mihaïlov (né en 1975) qui tente avec elle de « traduire musicalement le processus psychologique qui, en partant d’une image ou d’un son, nous permet de créer un enchaînement de souvenirs et de sensations ».
Nous entendons également trois pièces mixtes, dont la plus imposante est une création de Benoît Moreau (né en 1979) – élève de Michael Jarrell et acteur (pianiste, clarinettiste, auteur) du collectif lausannois Rue du Nord qui dédie ses activités aux musiques improvisées, et de l’ensemble Silence dont la vocation est de réaliser des musiques pour les films muets (Prix du jury du festival Strade del cinema d’Aoste en 2002 pour l’accompagnement live de The Scarecrow de Buster Keaton, etc.). Convoquant sept instrumentistes et un dispositif électroacoustique pour une demi-heure où elle enveloppe le public selon un placement particulier dans l’espace, cette œuvre qui occupe toute la seconde partie de la soirée s’interroge sur la perception, tout en poursuivant l’éternelle exploration des problématiques du hasard et de la détermination.
Du Salvadorien Arturo Corrales (né en 1973) – par ailleurs chef d’orchestre, guitariste et organiste – est créé Bug pour guitare et électronique, une page qui s’appuie sur un extrait de l’entretien de Christophe Kantcheff (juin 2006) avec Jean-Luc Godard (in Politis n° 908) ; le guitariste chilien Mauricio Carrasco laisse sourdre quelques mots entre un abord variés des cordes, imitant à s’y méprendre des sonorités de racloirs et de sonnailles. Enfin, Il Pianto est également donné en première mondiale ; à partir de la version originelle pour violoncelle seul de 2004, l’italien Carlo Ciceri (né en 1980) [photo] réalisa d’abord une transcription pour contrebasse (2005), puis la présente extension pour contrebasse et électronique où nous découvrons la minutieuse subtilité d’approche de Jocelyne Rudasigwa, absorbant une écoute concentrée.
BB