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Chroniques
l'académie prend de l'altitude
œuvres de Françaix, Mozart, Schubert, Strauss, Villa-Lobos
En cette froide nuit de pleine lune, l'étrange opalescence d'un Cervin au pied obscur veille sur près de huit dizaines de paires d'oreilles venues découvrir le premier des quatre concerts donnés par les étudiants de l'Académie du Zermatt Festival. Cette année, les solistes du Scharoun Ensemble, tous membres de l'Orchestre Philharmonique de Berlin, comptent trente-deux élèves de quatorze nationalités différentes. Bien souvent, monter un programme avec de jeunes musiciens qui ont fait connaissance une semaine plus tôt nécessite une imagination enthousiaste qui recourt volontiers à des opus rarement entendus par ailleurs. On ne pourra que se réjouir que ces programmes ne dérogent pas à la règle, de sorte que sonneront ici le nonette de Martinů, les quintettes de Prokofiev et de Nielsen, une Pastorale d'Arthur Lourié et quelques pages de Brett Dean, compositeur qu'honore cette édition 2008.
L’Église anglaise de Zermatt offre une acoustique précise, avec juste ce qu'il faut de rondeur, sans aucune réverbération, pour transmettre le meilleur en gommant l'oubliable. Ses proportions abritent mélomanes, camarades et professeurs venus soutenir les musiciens. On l'aura compris : l'ambiance est bienveillante, parfois complice.
La soirée est ouverte par Mozart et son Quatuor en fa majeur avec hautbois K370. Amelia Coleman conduit élégamment son phrasé. Quelques raideurs surviennent dans l'aigu, dues à une tendance générale à presser l'Allegro. À l'alto, Madeleine Przybyl retient l'écoute dans l'Adagio central. Les mélismes du Rondeau bénéficient d'une réalisation soignée. Classique des concours chambristes, Assobio a Játo de Villa-Lobos associe flûte et violoncelle dans un jeu de relais d'accompagnement moins aisé qu'il n'y paraît. L'œuvre est exigeante et impose aux cordes de grands intervalles rapides. Gillian Rycroft s'en sort honorablement, tandis qu'Ory Schneor livre une flûte des plus fluides.
Mais c'est avec le Divertissement composé par Françaix en 1942 que la soirée trouve ses ailes. Povilas Bingelis s'y avère un bassoniste fort talentueux, tout au long des quatre mouvements. On regrette cependant une méprise quant au rôle de la contrebasse : elle devrait se contenter de soutenir sans « plomber » la tendresse globale (dans le Lento, notamment). De fait, cette conception entrave toute souplesse et fait passer la lecture à côté de l'esprit de la pièce.
Après le Sextuor de Capriccio de Strauss, on découvre le violon lumineux de Konradin Seitzer qui conduit une interprétation superbement contrastée de l'Allegro assai du Quatuor en ut mineur D703 (n°12) de Schubert. Les quartettistes dialoguent fougueusement : Mintje van Lier au violon, Micha Afkham à l'alto et Cornelia Burghardt, véritable violoncelle-chanteur.
BB