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Chroniques
le Quatuor Škampa et la musique tchèque
Antonín Dvořák, Pavel Fischer, Bohuslav Martinů et Josef Suk
Depuis plusieurs lustres, le Quatuor Debussy organise en terre ardéchoise un festival avant tout dévolu à la musique de chambre. Sous le titre évocateur de Cordes en ballade, il associe deux composantes complémentaires : une programmation de concerts rayonnant sur l'ensemble du département, des rives du Rhône au plateau ardéchois, ainsi qu'un cycle de master classes destiné à de jeunes instrumentistes venant de France et de l'étranger, lesquels se produisent lors des concerts de clôture.
Le présent été n'échappe pas à la tradition, autour de deux fils rouges : les bases y sont à l'honneur et la musique tchèque bien présente, avec la venue de quelques illustres défenseurs en la matière. Héritier de la grande tradition, le Quatuor Škampa a porté la bonne parole musicale dans l'un des sites les plus isolés, les plus grandioses et les plus beaux de la région, jouant dans le cadre aussi sobre que classé de l'Église Notre-Dame de Prévenchères, à Montpezat-sous-Bauzon, dont l'architecture remonte au XIIe siècle et dont l'acoustique s'avère tout à fait honorable.
Une rareté ouvrait le ban avec la Méditation sur un ancien hymne tchèque à Saint Wenceslas, pièce trop méconnue écrite par Joseph Suk en 1914, développant avec art un chant religieux ancestral varié à souhait. Une autre rareté continuait le programme, Morava, page composée en 2007 par Pavel Fischer, lui-même ancien premier violon de ce quatuor, sorte de patchwork de rythmes volontiers endiablés, puisant avec infiniment de brio dans le folklore morave. Ces deux pièces, parfaitement jouées, restituées, servies, ressenties par les quatre artistes tchèques, étaient accompagnées d'une autre, plus connue (du moins dans le cénacle des amateurs) : le Quatuor n°7 de Bohuslav Martinů, partition peut-être pas inoubliable mais, là encore, défendue avec art.
La conclusion de la soirée s'élargissait d'un instrument, en l'occurrence l'alto de Vincent Deprecq, l'un des quatre du Debussy, pour interpréter le célèbre autant que varié et séduisant Quintette en mi bémol majeur Op.97 (à deux altos) d'Antonín Dvořák. Un grand classique et une interprétation haut de gamme, d'une incomparable complicité entre les cinq musiciens, depuis un Allegro non troppo plein de chaleur et de vivacité, jusqu'à un piaffant Allegro giusto final, en passant par un Scherzo tout de finesse et un Larghetto de pudeur et d'émotion.
Vive la musique tchèque ainsi défendue !
GC