Chroniques

par hervé könig

Leonard Bernstein | Symphonie n°2 « The age of anxiety »
Krystian Zimerman, London Symphony Orchestra, Simon Rattle

Edinburgh International Festival / Usher Hall, Édimbourg
- 10 août 2018
À Édimbourg, Krystian Zimerman joue  The age of anxiety de Bernstein
© bartek barczy

Après la soirée exceptionnelle au Proms, mercredi, puis le grand concert d’hier, ici, à l’Edinburgh International Festival, où l’on découvrait deux œuvres importantes – A sea symphony de Vaughan Williams, précédé par Turbulent Landscapes de Thea Musgrave [lire nos chroniques des 8 et 9 août 2018] –, ce rendez-vous avec Simon Rattle et le London Symphony Orchestra n’est vraiment pas à la hauteur de notre attente.

On pense souvent qu’il est très facile de jouer la musique de Leonard Bernstein, qu’on entend beaucoup en cette année du centenaire de sa naissance. Erreur : elle ne devient intéressante que si l’on ne reste pas en surface à s’amuser dans les rythmes et les couleurs. La Symphonie n°2 « The age of anxiety », composée sur les années 1948 et 1949, puis révisée en 1965, ne fait pas exception, même avec sa brillante partie soliste pour le piano. Rattle enchaîne les variations du premier mouvement comme on compte les moutons… ça aide à dormir ! Au clavier, The dirge sonne plutôt bien sous les doigts de Krystian Zimerman [photo], et c’est sans doute l’un des meilleurs moments du concert, avec les étonnantes syncopes de The masque, un peu plus tard. C’est maigre…

Dans la plus discrète Sinfonietta de Leoš Janáček, faire du spectacle n’est vraiment pas une bonne idée. À chaque accord, on croit voir un visage publicitaire qui demanderait, comme disent les Britanniques, enjoy ?, avec un sourire accrocheur. Cette façon extrêmement vulgaire de faire de la musique ne convient pas aux mélomanes dignes de ce nom. Les Danses slaves d’Antonín Dvořák ne vont pas mieux. Les tempi sont heurtés, le lyrisme n’est que de façade – bref, comme dit la chanson de Poulenc, « cette année vous n’aurez rien, rien, rien ! ». C’est désolant de conclure une semaine de concert par si piètre prestation, mais on n’y peut rien, il fallait être prudent et ne rien espérer de Simon Rattle.

HK