Chroniques

par irma foletti

Madama Butterfly | Madame Butterfly
opéra de Giacomo Puccini

Macerata Opera Festival / Sferisterio
- 12 août 2017
Nicola Berloffa met en scène Madama Butterfly au Festival de Macerata 2017
© alfredo tabocchini

Le Macerata Opera Festival, pour sa cinquante-troisième édition programmée autour du thème de l'Orient, a choisi trois très grands titres du répertoire : Madama Butterfly, Turandot et Aida. Dans la nouvelle mise en scène de Nicola Berloffa, en coproduction avec le Teatro Massimo de Palerme, l'action du premier opus se déroule dans l'immédiat après-guerre, une ville de Nagasaki peuplée de soldats américains dominateurs au comportement particulièrement arrogant.

Au centre de l'immense plateau à ciel ouvert, un cadre de scène où vont et viennent les Japonaises et, en contrebas, des marins soudards assis sur des bancs. Ils boivent, se bagarrent, balancent un peu de bière sur les femmes, dans une franche vulgarité qui accentue constamment le contraste entre les deux mondes. De part et d'autre de ce podium de théâtre, colonnes et paravents figurent des pièces dans lesquelles passent le plus souvent des ombres de prostituées. Au deuxième acte, un projecteur passe quelques courts extraits de films avec Esther Williams, en particulier l'actrice en plongeuse et nageuse sous-marine pendant l'attente nocturne chantée à bouche fermée. Mais c'est un écran tout blanc qui fait le fond de décor pendant Un bel di bedremo, l'aria de Cio-Cio-San. On s'éloigne encore de la tradition japonaise pour le finale où Butterfly se suicide en public au lieu de se retirer derrière un paravent.

Musicalement, la direction de Massimo Zanetti, aux commandes de l'Orchestra Régionale delle Marche, accuse quelques petits décalages en début de soirée, mais tout rentre rapidement dans l'ordre pour cette quatrième et dernière représentation. Les choristes du Coro Lirico Marchigiano Vincenzo Bellini di Ancona se montrent bien meilleurs en grand ensemble qu’en petits groupes ou par pupitres séparés, les soprani saturant régulièrement dans l'aigu. La force de leur enthousiasme conviant toutefois, on apprécie le bel effet de stéréo lorsqu'ils partent des deux côtés du Sferisterio dans un « Hou ! Cio-Cio-San » qui diminue à mesure que l'éloignement augmente.

Déjà titulaire du rôle-titre en ouverture de saison de la Scala de Milan, Maria José Siri domine nettement la distribution, voix très homogène sur toute son étendue, bien épanouie dans l'aigu, et diction de qualité. Depuis sa révélation au grand public en 2006 où il avait été poussé sur la scène de La Scala – Radamès en chemise et jeans ! – pour remplacer Roberto Alagna quittant le navire après quelques sifflets des loggionisti, le ténor Antonello Palombi (Pinkerton) a beaucoup perdu. Faisant illusion pendant la moitié du premier acte, en chantant en force, il cale ensuite et détimbre le plus souvent ses aigus. En Sharpless, Alberto Mastromarino fait entendre un instrument très usé et vieilli, tandis que Manuela Custer est plus en place en Suzuki. Les rôles secondaires sont correctement défendus par Nicola Pamio (Goro), Andrea Porta (Yamadori) et Cristian Saitta (Bonzo).

IF