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Chroniques
Marie Hallynck et Cédric Tiberghien en duo
œuvres de Bacri, Beethoven et Brahms
La violoncelliste franco-belge Marie Hallynck est actuellement artiste en résidence du Palais des Beaux-arts, ce qui signifie qu'elle est invitée à se produire sur la scène bruxelloise dans différents registres, avec divers partenaires, pendant une période d'au moins un an. En compagnie du jeune pianiste français Cédric Tiberghien, avec lequel elle forme duo depuis quelques temps [lire notre chronique du 24 juillet 2004], elle interprète aujourd’hui deux pages bien connues du répertoire pour clavier et cordes : la Sonate en sol mineur Op.5 n°2 de Beethoven et la Sonate en fa majeur Op.99 n°2 de Brahms. Les deux musiciens les agrémentent d’une œuvre contemporaine : la Sonate Op.32 de Nicolas Bacri.
Il est évident que le concert a été préparé avec beaucoup de soin, les partenaires jouant dans une symbiose admirable : pas une seule hésitation, pas une seule note approximative ne viennent ternir les élans communs et l'équilibre entre les deux instruments. De bout en bout, le concert est placé sous le double sceau de l'expressivité et de l'élégance.
En outre, le jeu des instrumentistes est le plus souvent incisif, ce qui convient admirablement à Beethoven et à Bacri. Si l'entrée en matière – l'Adagio de la sonate de Beethoven – est très lente, entrecoupée de silences remarquables, les mouvements sont ensuite enchaînés avec une grande rapidité qui, dans le Rondo final, n'est pas loin de culminer à de la précipitation. Pour autant, la maîtrise est totale, le résultat sonore très convaincant, et la violoncelliste montre son talent dans les demi-teintes. De même chez Bacri, passé le Prélude, les artistes se lancent dans une course folle tout au long du Scherzo, néanmoins capables de rendre les fulgurances et bousculades d'un dialogue anxieux ; suivent deux mouvements, également enchainés dans cet élan, mais plus apaisés – que ce soit dans le solo de violoncelle ou dans le duo final.
Pour Brahms, le jeu encore nerveux (mais jamais brusque) de Marie Hallynck et la tension dramatique quasi-permanente du violoncelle (dans une pièce composée essentiellement autour du mouvement Allegro, il est vrai) lassent peut-être un peu et ne semblent pas toujours appropriés au lyrisme chantant du Viennois. Il est symptomatique que, malgré la pause qui précède, la musicienne conserve un regard dur, une respiration profonde, que son jeu soit toujours affecté de légers tremblements de l'archet en fin de phrase. En bis, le duo donne les Kleine Stücke Op.11 d'Anton von Webern, dans une égale tension.
CA