Recherche
Chroniques
Midori et Daniele Gatti
Mendelssohn par le Mahler Chamber Orchestra
Avant de passer sous l’habituelle baguette de Bernard Haitink, le Mahler Chamber Orchestra est conduit par Daniele Gatti, tout juste arrivé de Salzbourg où la veille encore il dirigeait Il trovatore de Verdi. Pour ce programme au déroulement conventionnel (ouverture, concerto, symphonie), intégralement dédié à Felix Mendelssohn, le chef milanais accompagnera la violoniste japonaise Midori qui joue un Guarnerius del Gesù 1734.
À ses couleurs romantiques l’Ouverture Ein Sommernachtstraum Op.21 ne développe ni féérie ni brillance, la clarté du début étant interrompue ensuite par des sonorités plus rondes, bien que la formation chambriste ne soit constituée que d’une quarantaine de musiciens environ. Jouée comme un beau prélude symphonique, cette lecture ouvre avec volupté la soirée sans apporter de nouvel éclairage sur cette œuvre et son lien avec Shakespeare.
Le Concerto pour violon en mi mineur Op.64 n°2 est plus historique en ce qu’il restera certainement l’unique collaboration entre Gatti et Midori, tant ils n’ont musicalement rien en commun. L’introduction claire et longuement développée met en valeur de superbes bois, tandis que se dessine l’interprétation ample, lyrique et relativement lente du chef. Dès l’attaque, le violon se déconnecte de l’orchestre, Midori jouant une partie rapide aux effusions inexistantes à laquelle la baguette ne montre aucun désir de s’adapter, laissant même surgir à l’occasion des gestes de lassitude. Dans une œuvre qui s’accorde à une prouesse technique et dynamique autant qu’à une lecture lyrique ou plus raffinée, nous ne pourront dire qui a raison, sauf à choisir par préférence ou sensibilité. La vision du premier semble pourtant apporter un éclairage que la technique isolée de la seconde ne développe pas, et justifie peut-être plus une énième exécution de cet opus. D’autres pourront toutefois lui préférer le jeu de Midori, trouvant également à juste titre que sa prestation aura été freinée par un accompagnement trop contrôlé.
Dès son accord pizzicato d’ouverture, la Symphonie en la majeur Op.90 n°4 « Italienne » promet bien plus. Le Mahler Chamber Orchestra a instantanément retrouvé une liberté perdue que développent maintenant de larges phrases aux accents italiens. Les timbres créent même par moments une parenté avec les lectures d’Abbado, notamment aux contrebasses et aux trompettes, ainsi que dans la couleur des cordes pincées. Mais la comparaison s’arrête là, car dans l’Allegro vivace l’option de Gatti n’est pas de transmettre la même énergie. Maîtrisant les musiciens, il laisse moins de place à l’épanouissement personnel au profit d’une approche intègre marquée par un appui sur la première note de chaque mesure, comme il le fait dans Verdi. Étirés, l’Andante con moto et le Moderato rappellent les mouvements lents des symphonies de Brahms, tandis que le final Saltarello (Presto) trouve une force et une rigueur rythmique passionnantes, instillant une dernière fois un parfum latin dans la salle.
VG