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Chroniques
Mozart et Strauss par Andris Nelsons
Mihaela Ursuleasa, Orchestre de Paris
Étonnante, considérant son programme, cette décentralisation d’un concert de l’Orchestre de Paris de son habituelle rue du Faubourg Saint-Honoré à l’avenue Jaurès… mais il est vrai que la Salle Pleyel est désormais une filiale de la Cité de la Musique.
Si les deux premières œuvres, qui réunissaient de petits effectifs, étaient à la mesure de la salle modulable de la Porte de Pantin, la troisième, comme c’est toujours le cas en pareille circonstance, donnait le sentiment d’un plus grand nombre de musiciens que de spectateurs, chacun étant disposé aux forceps de part et d’autre de l’auditorium. Bénéficiant déjà d’une aura enviable, remarqué notamment à la tête de l’Orchestre national de France en mars 2009 puis la saison dernière, le jeune chef letton (trente-deux ans) Andris Nelsons confirme son immense potentiel avec cette première prestation à la tête de la formation parisienne.
Après Ein Heldenleben Op.40 à coupler le souffle, voilà dix-neuf mois, Nelsons s’est de nouveau attaché à Richard Strauss avec deux œuvres placées aux extrémités de la vie créatrice du compositeur bavarois, l’une ayant été conçue en 1895, l’autre un demi siècle plus tard, en 1945. Ouvrant son concert par cette dernière, Metamorphosen pour vingt-trois cordes à voix réelle, Nelsons affirme une fois de plus sa proximité avec cet univers, dirigeant avec précision et émotion une section de cordes riche en couleurs comme en luminosité. En fin de concert, le chef brosse un Also sprach Zarathustra Op.30 au cordeau, goulu et onctueux, emporté avec élan et gorgé de contrastes saisissants. Ainsi se distingue-t-il comme un excellent bâtisseur de partitions.
Entre ces deux grandes pages, un Concerto pour piano en ré mineur K.466 de Mozart malheureusement gâché par Mihaela Ursuleasa, pianiste minaudant, frimant, chantant à tue tête, indifférente et bouillant d’impatience quand les musiciens jouent leurs parties – dire que cette demoiselle fut lauréate du concours Clara Haskil, qui fut la plus humble des pianistes de génie...
BS