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Chroniques
Mozart et Takemitsu
Dezső Ránki, l’Ensemble Kanazawa et Michiyoshi Inoue
Le ciel est menaçant et les cigales étonnamment discrètes lorsque l’ensemble orchestral japonais Kanazawa et son chef Michiyoshi Inoue investissent pour la seconde soirée le plateau du parc de Florans. Mozart est à ce programme invitant en soliste le grand pianiste hongrois Dezső Ránki dont la présence en France se fait de plus en plus rare.
Mais c’est Nostalghia du compositeur japonais Tōru Takemitsu, une pièce pour violon et ensemble à cordes de 1987, qui débute la soirée, mettant sur le devant de la scène Abigail Young, le violon solo de l’ensemble. Écrit en hommage au réalisateur russe Andreï Tarkovski, décédé en 1986, Nostalghia est un opus méditatif aux textures raffinées, dont la ligne solistique balaie un large spectre allant jusqu’aux sonorités liminales de l’instrument. Si Abigail Young assume très honorablement sa partie dotée d’une cadence exigeante, l’orchestre reste en retrait, englué dans un pathos qui banalise l’écriture et ne rend pas justice à l’œuvre.
Sous le geste plus démonstratif qu’efficace de Michiyoshi Inoue, en charge de cette formation depuis 2007, les cordes augmentées de quelques vents (deux hautbois, deux cors) ne sont guère plus convaincantes dans le Concerto pour piano en mi bémol majeur K.449 (1794), limitant leur participation à un accompagnement trop sec et peu réactif là où Mozart engage avec le soliste un dialogue incessant où affleure toujours la dimension opératique. Le piano de Dezső Ránki n’en est pas moins éblouissant, alliant tout à la fois spontanéité du jeu et clarté de l’articulation. Le Final, très original avec son thème-refrain traité en fugato, stimule d’autant l’orchestre et tend à resserrer les liens entre les deux partenaires.
Dans le très célèbre Concerto en la majeur K.488, écrit l’année des Nozze di Figaro (1786), Mozart ajoute deux clarinettes qui réchauffent les sonorités. De fait, l’orchestre est davantage présent sans atteindre toutefois la souplesse et le raffinement souhaités. On souffre dans le sublime second mouvement, Adagio en fa # mineur que Ránki conduit cependant avec beaucoup de ferveur. Dans le Rondo final, il parvient également à faire éclater cette joie insolente que le compositeur fait passer à travers une invention thématique irrésistible.
Dès le début de la seconde partie, on a distribué au public les funestes K-Way que chacun commence à revêtir. À l’abri, sous la conque acoustique, les musiciens ont amorcé la Symphonie en ré majeur K.385 « Haffner » (1782)… qu’ils termineront sous une pluie torrentielle qui dissémine le public dès les premières notes du Menuet !
MT