Chroniques

par bertrand bolognesi

Orchestre de Chambre de Lausanne
Christian Zacharias joue Avison, Mozart et Schubert

Zermatt Festival / St.Mauritius-Pfarrkirche
- 31 août 2007
le pianiste et chef Christian Zacharias photographié par Nicole Chuard
© nicole chuard

C'est aux artistes de l'Orchestre de Chambre de Lausanne que revient le privilège d'inaugurer cette nouvelle édition du Zermatt Festival, avec un début de programme qui fait preuve d'une certaine originalité, puisqu'ils joueront deux des concerti grossi imaginés par Charles Avison à partir de sonates de Domenico Scarlatti – Twelve Concertos in seven parts done from two Books of Lessons for the harpsichord by Domenico Scarlatti.

Faudra-t-il voir là un discret hommage à un autre britannique, Edward Whymper, né tout juste cent ans après ces pages ?... Toujours est-il que de l'organiste de Newcastle, Christian Zacharias donne ce soir un Concerto grosso n°5 sagement équilibré, dans une articulation et une conduite de la nuance délibérément classiques dont les choix sont souverainement assumés de bout en bout. Tout juste regrettera-t-on la relative raideur des fins de phrases. À la rondeur de sonorité du Largo initial répond l'interrogative raucité de l'Andante moderato (troisième mouvement). De même l'Allegro (II) du Concerto grosso n°2 bénéficie-t-il de la verve souriante de Zacharias dont les bis de récital ont copieusement emprunté à Scarlatti. Saluons particulièrement les soli soignés à l'évidente musicalité de Joël Marosi, au violoncelle.

Du clavier, Christian Zacharias dirige ensuite ses musiciens dans le Concerto pour piano en la majeur K488 n°23 de Mozart dont il impose une interprétation aimablement retenue et joueuse. L'Adagio central ne traîne pas, tout en distillant une qualité de sonorité servie par une pédalisation minutieusement choisie et une respiration toute personnelle. Seule l'extrême unité des tempi nuit quelque peu à ce moment, une égalité scellée par le grand métier du soliste mais administrant, du coup, une exécution qui, pour sage qu'elle soit, n'en paraît que trop peu inventive.

Pour finir, Zacharias parvient comme cela arrive rarement à créer le désir d'entendre une suite aux deux mouvements suspendus de la Symphonie inachevée de Schubert, provoquant un manque de l'écoute, un creux troublant. En bis : une ouverture Rosemonde D797 inspirée, subtilement nuancée et toujours gracieuse.

BB