Chroniques

par laurent bergnach

Orchestre Philharmonique de Slovénie, George Pehlivanian
Orchestre Régional de Cannes Provence Alpes Côte d’Azur, Philippe Bender

MIDEM / Palais des Festivals, Cannes
- 28 et 29 janvier 2008
le chef d'orchestre israélien George Pehlivanian
© dr

En 2006, l’Orchestre Régional de Cannes Provence Alpes Côte d’Azur fêtait ses trente ans, quelques mois après avoir reçu une Victoire d'honneur venant récompenser l'ensemble de son travail. Nous le retrouvons aujourd'hui sur ses terres, sous la baguette de son directeur artistique Philippe Bender, dans un programme qui convie un jeune soprano originaire des États-Unis – lequel fut distingué au Concours international de chant Montserrat Caballé et annoncé comme la prochaine grande voix verdienne de sa génération.

C'est avec Les Hébrides (La grotte de Fingal), l'opus 26 de Felix Mendelssohn-Bartholdy, élaboré en 1829, puis remanié pour la création du 14 mai 1832, que démarre la soirée. Dans cette Ouverture marine et romantique, l'équilibre des pupitres sert efficacement un lyrisme retenu. Le seul souci vient des cuivres qui apparaissent assez frustres, comme souvent durant ce programme. Takesha Meshé Kizart rejoint ensuite la scène, incarnant l'Elisabeth de Tannhäuser (Dich, teure Halle) puis Louise (Depuis le jour). Si le timbre sobrement corsé séduit immédiatement, la diction déçoit (moyenne, quoique appliquée, dans Wagner, catastrophique dans Charpentier), ainsi qu'une émission couverte durant lestutti. Après un Prélude de l'Acte III très délicatement amorcé, nous revenons à l'Acte I de La Traviata, avec la célèbre scène qui voit Violetta réagir à la déclaration d'amour d'Alfredo. La voix se révèle plus souple et les aigus puissants. À ses saluts un rien timides, nous comprenons que le trac et la tension avaient jusque-là diminué les atouts de la chanteuse.

Un autre prélude, celui de l'Acte II d'Un ballo in maschera, met fin à l'entracte. De cet opéra de Verdi créé la même décennie que le précédent, le soprano a extrait l'air où Amelia rôde, à minuit, au pied de la potence. Le climat tranquille associé à la scène permet de goûter à un chant bien mené, qui commence à nous émouvoir. De plus, les graves se réveillent. C'est ensuite aux vents de prouver leur efficacité, dans une Ouverture très enlevée de Giovanna d'Arco. Enfin, la soirée s'achève avec Il Pirata (1827), l'ouvrage de jeunesse de Vincenzo Bellini – si l'on peut dire, puisque le compositeur est mort dans sa trentaine. La rondeur et le velours de la voix servent les derniers instants d'Imogene, déchaînant l'ovation du public.

Le lendemain, c'est au tour des quatre-vingt musiciens de l'Orchestre Philharmonique de Slovénie de se serrer sur la scène de l'Auditorium Debussy, ouvrant le programme avec l'enjouée Bela Krajina (1955). Cette pièce de l'enfant du pays Marjan Kozina (1907-1966) semble une lointaine cousine de celles pour fanfare d’Ives, tenant à la fois de la musique de cirque, de la danse folklorique et de l'hymne national. Un climat plus élégiaque s'installe ensuite, pour le Concerto pour clarinette et orchestre à cordes d'Aaron Copland (créé en 1950) ; mais, profitant d'un solo, la clarinette délicate de Mate Bekavac se montre bientôt impétueuse, puis saccadée sur le retour d'un orchestre qui s'emballe dans une couleur jazzy.

En seconde partie, la lumière s'éteint après les premiers accords de trompette de la Symphonie en ut # mineur n°5 de Gustav Mahler. Si certains effets ont paru appuyés (clinquant des cymbales sur Trauermarsch, etc.), la lecture de George Pehlivanian convainc par un lyrisme qui ne s'attarde pas, ainsi que par des cordes tout en légèreté (Adagietto aux contrastes discrets).

LB