Chroniques

par bruno serrou

Péter Eötvös et l’Académie philharmonique
création de Schlag-Kantilene de Brice Pauset

Festival d’Automne / Salle Pleyel, Paris
- 8 octobre 2010

Ce concert de l’Orchestre Philharmonique de Radio France, encadrant des étudiants de l’Académie philharmonique formée d’élèves du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, est donné dans le cadre du Festival d'Automne à Paris. Au programme : une création de Brice Pauset, l’un des favoris de la manifestation, Schlag-Kantilene – Prélude au Concerto pour violon de Beethoven, pour violon et orchestre, qui conforte le ressenti du concert de la veille [lire notre chronique].

En effet, cette page est aussi prétentieuse que le texte de présentation le laisse présager, texte qui aurait dû faire l’objet d’un glossaire, avec son oxymore (sic [1]) fruit d'une observation dioptrique (re-sic [2]), explication et conception complexes et alambiquées pour un résultat peu probant. Ce prélude est naturellement enchaîné sans pause, pour mieux marquer l’appropriation de l’incontestable chef-d’œuvre qu’est le Concerto pour violon de Beethoven, lui-même enrichi de fort curieuses cadences écrites par le même Pauset, dont celle du premier mouvement réalisée pour violon, piano (car « le concerto pour violon est plus pianistique que violonistique » selon Pauset), percussion et bois. Du coup, l’œuvre de Beethoven se fait excessivement longue et devient passablement ennuyeuse. Si bien que le pauvre David Grimal s'essouffle à essayer de se convaincre lui-même de ce qu’il fait. Péter Eötvös ne se montre véritablement à l'aise que dans le seul finale, qui, pourtant, toujours selon Pauset, serait le mouvement « le plus raté » du concerto...

Incontestable réussite, en revanche, de la somptueuse lecture de la Lulu Suite d’Alban Berg dirigée avec flamme, minutie et un lyrisme déchirant par Péter Eötvös qui transcende le Philharmonique de Radio France et ses jeunes académiciens, tous auteurs d'un sans faute, cuivres rayonnants et sûrs, bois onctueux (sublime sensualité du saxophone de Christophe Grezes, étudiant du CNSMDP), cordes radieuses, tandis que la magnifique soprano suédoise Agneta Eichenholz bouleverse dans le Lied der Lulu (Comodo) et dans la mort de la comtesse Geschwitz du Grave final.

BS

1.Oxymore : figure de style qui consiste à placer l'un à côté de l'autre deux mots de sens opposés 2.Dioptrique : partie de la physique qui traite de la lumière réfractée et des phénomènes qu'elle produit en traversant des milieux de densités différentes